Forces et faiblesses des échanges commerciaux entre pays africains

[Africa Diligence] « Cela fait 126 ans qu’on nous a imposé des barrières douanières issues du Congrès de Berlin, 126 ans qu’on a du mal à créer des unions douanières, et ce malgré la création de l’Union africaine en 1963 ». Dans l’émission « Eco d’ici, Eco d’ailleurs » du 13 février 2016, sur RFI, Guy Gweth, fondateur de Knowdys Consulting Group, pointe les forces et faiblesses des politiques douanières mises en œuvre sur le continent africain.

L’Afrique, mauvais élève de l’intégration sous-régionale

« Nous sommes à 13 % d’échanges commerciaux entre pays africains contre 55 % en Asie, 67 % en Europe et 87 % aux Etats-Unis. On a de gros efforts à faire. » souligne l’expert en intelligence économique. Contrairement à l’Asie et à l’Europe dont la majorité des pays commercent généralement entre eux, les pays africains souffrent toujours de lenteurs aux frontières, formalités de douane et coûts de commerce plus importants qu’ailleurs. Cette situation pèse sur les économies africaines dans un contexte de crise financière mondiale, de recul des investissements directs étrangers et de ralentissement de la croissance chinoise. Les contraintes douanières jouent sur la compétitivité et l’attractivité des pays africains. « Il faut 30 jours pour dédouaner des produits, hors Afrique du Nord, contre une dizaine de jours dans l’espace européen ». Ces lourdeurs administratives retardent les processus d’intégration qui visent à favoriser l’essor d’une économie sous-régionale africaine forte. « Avant d’entrer en République du Gabon, un opérateur économique camerounais doit par exemple s’arrêter deux heures aux postes frontières alors que le Cameroun et le Gabon font partie du même sous ensemble économique, la CEMAC, la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale » déplore Guy Gweth.

 La Communauté d’Afrique de l’Est, un cas d’école

Avec un marché intégré de 146 millions de personnes, la Communauté d’Afrique de l’Est fait figure de modèle sur le continent africain. Les biens et produits circulent librement sans droit de douane. Depuis janvier 2014, les autorités fiscales et douanières des cinq pays de la communauté ont été transférées au port de Monbassa au Kenya et de Dar es salam en Tanzanie. Avant la mise en place du processus d’intégration sous régionale, il fallait un mois pour déplacer un conteneur du port de Mombassa (Kenya) au port de Kigali (Rwanda). Désormais, cinq jours suffisent. Pour le fondateur de Knowdys Consulting Group, « Ce que le Rwanda a mis en place à travers l’organisation des États d’Afrique de l’Est, c’est le premier marché véritablement intégré en Afrique. Le Rwanda est un État stratège. Grâce à la mise en place de ce dispositif, il s’est désenclavé au point de devenir une véritable plateforme, un hub, qui contribue au développement économique, social et même culturel par la mise en circulation des personnes, des biens et des capitaux ». Prochains objectifs visés par la C.E.A : parachever un marché commun autorisant la circulation des facteurs de production tels que les services, la main d’œuvre et les capitaux avant de préparer la mise en place d’une monnaie unique.

Guy Gweth était l’invité de l’émission « Eco d’ici, Eco d’ailleurs », aux côtés de Corinne Vadcar, économiste à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris-Ile-de-France, Houssein Guimbard, économiste au CEPII et Vincent Vicard, professeur d’Économie à l’Université Paris-Dauphine. Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’émission sur RFI (édition du 13 février 2016 : Les frontières, entre globalisation et protectionnisme.)

La Rédaction