Ghana : un miracle économique ?

(Africa Diligence) En Afrique, au sud du Sahara, le Ghana peut être qualifié de « success story ». Ce pays affiche non seulement une stabilité politique remarquable, mais il a aussi l’une des économies les plus dynamiques du continent. Le Ghana a connu un pic de croissance de son produit intérieur brut (PIB), de 15 % en 2011 dû au démarrage de la production de pétrole au dernier trimestre 2010. Pour les conseils en intelligence économique d’Africa Diligence, les perspectives à moyen terme du Ghana restent favorables.

Le Ghana s’est durablement installé dans la paix et la démocratie. Ces 20 dernières années, plusieurs cycles électoraux réussis ont montré la maturité dont faisait preuve la société civile ghanéenne. Elles ont contribué à mettre le Ghana sur le chemin du développement. Sa bonne gouvernance en a fait un « bon élève de la région ». Ses classements dans les indices « Doing business » (62e en 2013 ; 67e en 2014) notamment, en attestent. La dégradation de certains de ses indicateurs macro-économiques, depuis 2012, avec des déficits commercial et budgétaire excessifs, ont cependant terni ce bilan très favorable.

Grand producteur d’or, le Ghana a, depuis le début de l’année 2013, engagé des opérations de grande ampleur, en vue de contrôler la production aurifère et de réprimer l’orpaillage clandestin. A cet égard, de multiples opérations coup de poing, ont été conduites contre des opérateurs et mineurs chinois. L’enjeu, autant politique qu’économique, est de taille car l’or représente aujourd’hui la première source de revenu du pays (près de 50 % des entrées de devise). Le pays reste toutefois majoritairement agricole : 50 % de la population active est employée dans ce secteur, dont 17 % dans la filière cacao (deuxième source de devises pour le pays, près de 30 %) et les enjeux du développement rural restent essentiels.

Le secteur des services reste le plus important, avec une contribution au PIB proche de la moitié (49,5%) en 2013, contre 50,0 % en 2012. Le secteur de l’informatique et des technologies de l’information a enregistré la progression la plus rapide (24,7%). La part de l’industrie dans le PIB représentait en 2012 : 27,3 % ; la part de l’agriculture : 22,7 %.

Les décisions touchant l’affectation des revenus pétroliers croissants du Ghana joueront un rôle crucial dans la transformation économique à venir. L’augmentation des revenus pétroliers et les apports d’investissements directs étrangers (IDE, 3 295 M$ en 2012 selon la Cnuced) peuvent entraîner de fortes tensions à la hausse sur le taux de change et menacer les perspectives d’industrialisation. En 2010, le Ghana a promulgué un cadre juridique visant à assurer une bonne gestion de ses richesses pétrolières, et son programme de couverture de risque pour les importations et exportations pétrolières est parvenu jusqu’ici à préserver la stabilité macroéconomique.

Le Ghana figure depuis 2010 parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, selon la Banque mondiale, mais il souffre de la comparaison avec la plupart des autres pays de cette catégorie en termes d’indicateurs de développement. Il a accompli des progrès significatifs au regard des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le pays devrait atteindre les OMD d’élimination de l’extrême pauvreté, d’éducation primaire pour tous, de promotion de l’égalité des sexes, d’autonomisation des femmes et de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies. Mais les progrès sont lents et le Ghana reste confronté à des défis importants en matière de réduction de la mortalité des moins de 5 ans, d’amélioration de la santé maternelle et de préservation de l’environnement.

L’amélioration de la gestion macroéconomique et la stabilité politique n’ont pas fortement transformé la structure de l’économie ghanéenne. Les activités minières et le bâtiment et travaux publics (BTP) ont soutenu le secteur industriel, et la part du secteur manufacturier dans le PIB a reculé ces vingt dernières années. Le Ghana doit développer de nouveaux secteurs économiques à forte intensité de travail, comme le secteur manufacturier et l’industrie agroalimentaire, afin de relever le défi de l’emploi et d’offrir des possibilités économiques aux régions rurales. Cela exigera des politiques publiques cohérentes pour accroître les rendements agricoles, améliorer la compétitivité de l’économie et surmonter les problèmes de propriété foncière.

(Avec Perspectives économiques en Afrique et Banque mondiale)