Ibrahim Diabakhate : l’entrepreneur Mauritanien distingue la croissance du développement

[Africa Diligence] Ibrahim Diabakhate est le fondateur de NXvision, une société créée en 2014 dans le but principal d’accompagner et de sécuriser les transferts d’argent des migrants à travers le téléphone mobile. Diplômé de l’Université de Shanghai, de l’INSA de Toulouse et de la Skema Business School, ce Mauritanien parlant couramment chinois refuse catégoriquement de confondre émergence et développement du continent africain.

Après un Bachelor of Science in Applied Electronics obtenu à l’Université de Shanghai et un DESS en Microélectronique à l’INSA-Toulouse, Ibrahim Diabakhate décide de compléter sa formation scientifique en se spécialisant en management stratégique de l’information. Il intègre alors CERAM (actuel SKEMA Business School) où il est diplômé en 2005 du Mastère spécialisé « Intelligence Economique et Gestion des Connaissances ».

« De 2006 à 2011, précise-t-il, j’ai travaillé comme analyste en intelligence compétitive au sein de sociétés de conseil en innovation. Parallèlement, j’ai développé une expertise en prospective et marketing de projets d’innovation. Je suis membre du Groupement de compétences pour l’information et la compétitivité (GCIC) et du Club ThinkTankers. »

En 2014, Ibrahim Diabakhate fonde la société NXvision dont la vocation est d’accompagner et de sécuriser les transferts d’argent des migrants par la dématérialisation – via mobile – la création d’activités économiques et l’accès à des services financiers, notamment en milieu rural. Très sensible aux enjeux du co-développement et du transfert des compétences Nord-Sud, il développe des outils et méthodes d’innovation sociale et de développement rural en Afrique en accompagnant des associations et des collectivités. De par sa formation pluridisciplinaire, son parcours international, et son multiculturalisme éprouvé, c’est un entrepreneur pratiquant couramment l’anglais et le chinois qui a accepté de nous répondre en quelques mots.

Africa Diligence : Croyez-vous en l’émergence économique du continent africain ?

Ibrahim Diabakhate : Oui, à condition que nous ne rations pas l’occasion. En effet, il ne faudrait pas confondre croissance économique et développement économique. Je crois que ce qui se passe aujourd’hui, c’est plus de la croissance et non du développement. Le risque c’est que l’Afrique s’endette autrement. Il faudrait privilégier des modèles de développement économique axés sur le transfert de compétences.

S’il fallait vous aider à contribuer au développement rapide de l’Afrique, quels leviers pourrait-on activer ?

Soutenir NxVision, dans sa vision de croire à l’émergence d’un entrepreneuriat local pour une économie rurale formelle.

Si vous étiez élu chef de l’État de votre pays dans les 24 heures, quelles seraient vos trois premières décisions ?

Ce n’est pas mon rêve. Mais si j’ai la chance d’en conseiller, il s’agirait de mettre en place de véritables moyens de gestion transparente des ressources au bénéfice du peuple ; de multiplier par trois l’accès et la qualité de l’éducation et de la formation professionnelle ; de définir un plan quinquennal de développement basé sur la valorisation et la transformation des ressources locales et la création d’activités génératrices de richesses et le transfert de compétences.

Que pensez-vous de l’avènement du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique ?

Cela pourrait être intéressant s’il s’appuyait sur l’existant. Je crois que beaucoup de choses existent de manière dispersée. Si ce Centre permet de les mobiliser autour d’un projet commun, je pense que cela pourra avoir plus d’impact en termes d’intérêt général.

Propos recueillis par la Rédaction

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