L’Afrique poursuivra sa croissance économique en 2013

[Africa Diligence] Au Cap, à Dakar, à Nairobi, à Lagos, de jeunes geeks urbains et branchés ont pris le virage du digital business, inventant, souvent pour le marché local, tablettes tactiles, applications mobiles et logiciels. Loin des clichés misérabilistes, ces entrepreneurs incarnent le visage d’une Afrique en plein essor. La croissance continue.

Mais, après dix ans d’une croissance autour de 5 %, à peine écorchée par la crise de 2009, les observateurs s’interrogent aujourd’hui sur la « résilience » du continent noir en cas d’atonie persistante de l’économie mondiale. Les prévisions d’un produit intérieur brut en progression moyenne de 4,5 % pour la zone en 2013 ne sont donc pas fixées dans le marbre.

Les pays exportateurs de brut tiendront le choc

Par crainte des effets de contagion, les regards se tournent vers la locomotive sud-africaine, qui est à la peine. Celle-ci devrait péniblement atteindre 2,5 % de croissance en 2013. « Son économie étant très libéralisée, elle est sensible aux perturbations extérieures », s’inquiète Ludovic Subran, chef économiste à Euler Hermes. A cette perméabilité s’ajoute le conflit minier qui a secoué le pays durant plus de deux mois. Il ne laissera pas derrière lui que des images choquantes, celles de policiers ouvrant le feu sur des grévistes armés de machettes. Il aura aussi un impact sur le PIB : sans doute 0,3 point de moins en 2013. Ces mêmes tensions sociales ont d’ailleurs conduit les agences Moody’s et Standard & Poor’s à dégrader d’un cran la note de l’Afrique du Sud.

Autre poids lourd du continent : le Nigeria. « Comme d’autres pays exportateurs de pétrole ou de matières premières, tels le Ghana, le Tchad, la Guinée équatoriale, la République démocratique du Congo, l’Angola, il devrait tenir le choc grâce au maintien à un haut niveau des cours du brut », pronostique Ludovic Subran. Quant aux pays à très faibles revenus, comme l’Ethiopie, la Gambie ou le Rwanda, ils continueront, selon le dernier rapport du FMI, à être portés par « une demande intérieure solide ». Leur croissance restera toutefois insuffisante pour réduire significativement la pauvreté et les inégalités, et pour permettre l’émergence d’une vraie classe moyenne.

(Avec Annie EYER)