Chine-Afrique: l’heure du grand déballage a sonné

(Africa Diligence) Une semaine après l’éditorial, très critique à l’égard des investisseurs chinois, écrit par Lamido Sanusi, gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, et publié par le « Financial Times », c’est au tour de l’un des chefs de la diplomatie chinoise de mettre en garde ses compatriotes sur leur manière d’agir en Afrique.

Selon le diplomate chinois, la hausse du commerce Chine-Afrique s’est accompagnée d’une augmentation des souffrances.

« Les entreprises chinoises opérant en Afrique doivent respecter les lois locales et placer les bénéfices à long terme avant les gains à court terme », a déclaré Zhai Jun, le vice-ministre des Affaires étrangères à l’occasion d’un séminaire dédié aux affaires en Afrique qui s’est tenu lundi à Pékin. Cité par l’agence officielle Xinhua, il a également souligné que la hausse du commerce entre les deux zones s’était accompagnée d’une « accentuation des souffrances » en Afrique.

« Les entreprises chinoises devraient travailler au profit de leurs pays d’accueil africains en investissant dans des industries telles que la production d’électricité, l’agriculture, les textiles et les communications », a encore précisé le vice-ministre des Affaires étrangères. « Faire de l’argent rapidement puis partir est une stratégie à courte-vue », a-t-il encore prévenu avant d’illustrer ses propos d’un proverbe chinois : « Capturer les poissons en vidant l’étang est contraire à l’éthique chinoise ».

Essence du colonialisme

Alors que les entreprises chinoises affluent vers le continent, les plaintes au sujet de leur pratique des affaires ont augmenté. Les diplomates chinois semblent avoir été particulièrement piqués par un éditorial publié dans le Financial Times la semaine dernière par le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Lamido Sanusi, qui a fermement critiqué la Chine pour sa façon d’exploiter les richesses du sous-sol africain tout en sapant ses industries manufacturières.

Il avait notamment déclaré : « Nous devons voir la Chine pour ce qu’elle est, c’est-à-dire un concurrent. Il faut non seulement produire localement les biens pour lesquels nous pouvons construire un avantage comparatif, mais aussi lutter activement contre les importations chinoises encouragées par les politiques prédatrices. La Chine prend des ressources primaires et nous revend des produits manufacturés. C’était aussi l’essence du colonialisme ». Ses remarques ont été parmi les plus dures formulées à l’encontre de la Chine par un haut fonctionnaire africain.

Matières premières et infrastructures

Le commerce entre la Chine et l’Afrique est passé de 10 milliards de dollars en 2000 à près de 200 milliards de dollars l’année dernière, en grande partie grâce à la demande chinoise pour le pétrole et d’autres matières premières africaines. En outre, l’Afrique est une destination d’investissement majeure pour les entreprises chinoises de construction d’infrastructures, que ce soit dans des projets hydroélectriques, des réseaux de télécommunications ou des routes. Un total de plus de 15.3 milliards de dollars aurait été investi directement à la fin 2012 selon Zhai Jun. « Mais cette augmentation rapide en quantité n’a pas entraîné une amélioration comparable de la qualité », a-t-il conclu.

(Avec Ferloo)