Le Burkina Faso veut promouvoir le commerce de sa tomate dans l’espace CEDEAO. Mais comment y parvenir ?

[Africa Diligence] La tomate, première production maraîchère du Burkina Faso, a de nos jours connu un ralenti dû aux problèmes d’écoulement et de tracasseries routières. Fort de ce constat, les acteurs du secteur ont  organisé un atelier en vue de trouver les solutions pour promouvoir le commerce de la tomate dans la zone CEDEAO.

Dans l’optique de faire face aux goulots d’étranglement qui handicapent l’évolution des produits agro-alimentaires en général, et la tomate en particulier, le ministère en charge de l’agriculture et le CILSS ont jugé nécessaire d’engager une réflexion profonde, avec l’ensemble des acteurs, afin de lui redonner son lustre d’antan et entrevoir l’avenir avec de réels motifs d’espoir. C’est ainsi qu’il a été organisé un l’atelier de concertation ce jeudi 22 février 2018, à Ouagadougou avec l’appui financier de l’USAID.

Il s’agira au cours des travaux, de faire l’état des lieux des différentes contraintes rencontrées par les acteurs de la chaine d’approvisionnement de la tomate au Burkina Faso et rappeler le cadre règlementaire pour la circulation des produits agro-alimentaires sur le marché national et sous régional. Ensemble, les participants vont également identifier les besoins pour la mise en œuvre du cadre règlementaire, formuler des recommandations et résolutions pour la facilitation de la circulation de la tomate du pays.

Avec une production estimée à environ 300 000 tonnes par an, le Burkina Faso exporte annuellement plus de 150 000 tonnes de tomate, essentiellement vers les pays côtiers. Le Ghana qui accueille près de 80 000 tonnes, reste le principal pays de destination. En plus d’être un facteur d’intégration régionale entre les peuples et les pays de la sous-région, ces exportations font entrer près de 50 milliards de F CFA par an au pays, selon les données du dispositif du CILSS sur le suivi des flux transfrontaliers.

Cependant, de nombreuses contraintes subsistent au niveau des différents maillons de la filière tomate. Le secrétaire général du ministère en charge de l’agriculture a cité la détérioration de la qualité des variétés demandées et les nombreuses tracasseries que rencontrent les commerçants tout au long des différents corridors, entre autres. Estimant le coût annuel des multiples contrôles et les paiements illicites à environ 5 milliards de F CFA, Moussa Maïga s’est félicité du rôle accru du CILSS « dans la promotion du commerce intra-régional des produits agricoles et agro-alimentaires, à travers ses activités de veille, de renforcement de capacités des acteurs ainsi que de soutien financier ».

Pour le représentant du secrétaire exécutif adjoint du CILSS, Hamidou Tiendrébéogo, le rôle que jouent les marchés dans le renforcement de la résilience, la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages n’est plus à démontrer. « Dans nos pays, les dispositifs de suivi des marchés et surveillance de la gouvernance des marchés ont été introduits dans le cadre des politiques de libéralisation, comme des dispositifs aussi bien publics que privés ayant pour fonction de collecter et diffuser des informations sur le commerce de produits agricoles », a-t-il argumenté.

Bien que ciblant en priorité les producteurs, commerçants et consommateurs, ces dispositifs devraient fournir aux États des informations sur la conjoncture du marché. Ceci en vue de faciliter la prise de décision dans les domaines de politiques agricoles et de sécurité alimentaire. C’est aussi l’un des résultats attendus pour le thème de la tomate.

Pour y arriver, les 13 États membres du CILSS ont mis en place, le Programme régional d’appui accès aux marchés. Ce programme vise « à fournir l’assistance technique afin de permettre à l’Observatoire des pratiques anormales et à la Task Force de disposer d’éléments factuels sur les barrières tarifaires ou non tarifaires, sur les pratiques anormales au commerce régional des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques ».

En rappel, en 2014 à Malabo, les pays africains se sont engagés à tripler, d’ici 2025, le niveau des échanges intra-africains de produits et services agricoles ; accélérer la mise en place d’une zone de libre-échange continentale et à adopter un système de tarif extérieur.

La Rédaction (avec Aïssata Laure G. Sidibé)