Les champions mondiaux de la grande consommation

Pour la dixième année consécutive, le cabinet OC&C Strategy Consultants publie son classement annuel des « 50 champions mondiaux des produits de grande consommation ». Qui a la plus forte croissance ? Qui est le plus rentable ? Palmarès.

Un chiffre d’affaires qui grimpe…

La tendance est à la croissance dans la grande consommation. Le chiffre d’affaires des géants du secteur gagne 8,7% en moyenne. Une progression qui s’explique principalement par une hausse du prix des matières premières (3,1%) bien plus forte qu’en 2010 (0,8%). C’est le secteur « alimentaire et boissons » qui s’est montré le plus dynamique sur l’année, avec une croissance de 12,8%. Les secteurs « Bière et spiritueux », « Tabac », « Beauté et Santé » gravitent tous autour des 5%.

Comme en 2010, Nestlé truste la première place, avec un chiffre d’affaires dépassant les 100 milliards de dollars (99,7 en 2010). Un seul changement dans le trio de tête puisque Pepsico devient numéro 3, après avoir vu son chiffre d’affaires croître de 15%, à plus de 66 milliards de dollars. Et c’est le groupe Unilever qui en fait les frais (+5%). A noter les progressions du brésilien JBS (+7 places) et de l’américain Tyson Foods (+15 places). Un changement important du classement qui s’explique par la prise en compte cette année du segment « viande », pour gagner en cohérence et mieux refléter la réalité du secteur.

Rang Société Pays CA 2011 (Mds$) Evolution par rapport à 2010
1 Nestlé AG Suisse 106,935 +8%
2 Procter & Gamble Etats-Unis 82,559 +5%
3 Pepsico Etats-Unis 66,504 +15%
4 Unilever Royaume-Uni/ Pays-Bas 64,710 +5%
5 Kraft Foods Etats-Unis 54,365 +10%
6 Coca-Cola Company Etats-Unis 46,542 +33%
7 AB Inbev Belgique 39,046 +8%
8 JBS Brésil 35,188 +13%
9 Archer Daniels Midland Etats-Unis 32,731 +16%
10 Tyson Foods Etats-Unis 31,164 +13%

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Avec plus 28 milliards de dollars de chiffre d’affaires, L’Oréal reste le leader hexagonal à la 12ème position mondiale. Soit une place de perdue par rapport à 2010. Danone suit la même tendance (14ème), à près de 27 milliards de dollars. Le groupe subit ainsi le bond au classement des « géants de la viande », ses ventes ayant tout de même grimpé de 14% en un an.

Pernod Ricard perd six places, en 44ème position. Néanmoins, en misant sur le développement de produits dits  » cœurs de gamme « , à travers le soutien de marques locales, il voit son chiffre d’affaires augmenter de 8%. Le numéro un mondial du luxe LVMH se classe lui 48ème, à un peu plus de 9 milliards. Sur 10 ans, le groupe a connu une croissance moyenne de 6,8%.

… une rentabilité moyenne qui faiblit

La grande consommation subit de ce point de vue un certain effritement. Car si la hausse des prix des matières premières a joué sur leur croissance organique, elle a également contribué à pénaliser leur marge brute, top 10 excepté. En effet cette augmentation n’a pas pu être répercutée par les fabricants, à l’avantage des distributeurs. Ainsi, la marge brute du top 50 a a baissé en 2011 de 1,4 point de chiffre d’affaires. La croissance a toutefois permis d’absorber une partie des coûts de structure. Au final, la marge opérationnelle affiche une baisse de 0,2 point, à 15,8%.

Rang Société Pays Marge opérationnelle 2011 Marge opérationnelle 2010
1 Philip Morris International Etats-Unis 43% 41%
2 Altria Group Etats-Unis 41% 41%
3 British American Tobacco Plc Royaume-Uni 35% 33%
4 AB Inbev Belgique 32% 29%
5 SABMiller Plc Royaume-Uni 29% 26%
6 Diageo Royaume-Uni 28% 27%
7 Reckitt Benckiser Royaume-Uni 25% 25%
8 Coca-Cola Company Etats-Unis 24% 27%
9 Pernod Ricard SA France 24% 24%
10 Colgate Palmolive Etats-Unis 23% 23%

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Au classement, les tabatiers investissent les premières places, sans doute bien heureux de voir le prix des paquets de tabac grimper régulièrement. La rentabilité du secteur surpasse tous les autres, à plus de 30%… Et si l’alimentaire connaît la croissance la plus forte, il affiche au contraire la marge opérationnelle la plus faible (11,1%).

Le Français Pernod Ricard est présent dans le top 10. Contrairement à bon nombre de ses concurrents, il n’a pas vu sa marge opérationnelle diminuer en 2011. Depuis 5 ans, le groupe affiche même d’excellents résultats, qui lui ont permis de réduire fortement sa dette.

De faibles acquisitions

L’année 2011 aura été synonyme d’une certaine frilosité s’agissant des acquisitions menées par les champions de la grande consommation. En volume comme en valeur, elle affiche l’un des plus bas niveaux de la décennie, avec 19 opérations conclues pour 25 milliards de dollars. Mais encore, presque la moitié de ce total provient de la plus grosse acquisition de l’année. Celle-ci a été menée par SAB Miller pour le rachat des bières Foster’s. Une opération qui a coûté à l’acquéreur 12 milliards de dollars.

Rang Acquereur Cible Valeur (Mds$)
1 SAB Miller Foster’s Group Limited 11,962
2 Kirin Breweries Primo Schincariol 4,236
3 Diageo Mey Icki Sanauii ve Tic 2,056
4 Nestle AG Hsu Fu Chi 1,618
5 General Mills Yoplait 1,081
6 Colgate Palmolive Sanex 0,897
7 Unilever OJSC Concern Kalina 0,806
8 Coca-Cola Company Grupo Tamico Beverage Division 0,728
9 British American Tobacco Protabaco 0,427
10 Sab Miller Pacific Beverages 0,296

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Le secteur le plus actif en valeur a été de loin celui des bières et spiritueux, qui représente 72% des acquisitions en valeur. Fait nouveau par rapport aux années précédentes, les acquisitions ont été menées pour pénétrer de nouveaux marchés. Auparavant, il s’agissait surtout de renforcer des positions existantes.

L’impact de ces acquisitions sur la croissance moyenne du chiffre d’affaires a été plutôt faible. En revanche, elle est à l’origine des croissances les plus fortes par société. Coca-Cola est un exemple parfait, avec de nombreuses acquisitions et un taux de croissance de 33%.

Et pour 2012 ?

L’année s’annonce pleine d’incertitudes, prévient le cabinet OC&C. Les résultats du premier trimestre témoignent d’un ralentissement de la croissance. Les 30 premières entreprises du classement affichent une croissance de 5,4%, bien en deçà pour l’instant des 8,7% de 2011. Le prix des matières premières continue lui d’impacter la rentabilité des fabricants. Mais une légère baisse pourrait s’amorcer à compter du premier semestre 2012. Le prochain classement devrait aussi marquer l’arrivée de nouveaux  » tigres locaux « , ces groupes issus de pays émergents, qui tirent de plus en plus leur épingle du jeu. Une nouvelle concurrence pour les multinationales des pays occidentaux.