Les réformes qui sauveront l’économie malienne

[Africa Diligence] Terre de passage, le Mali se situe entre deux zones géographiques et stratégiques distinctes : l’espace sahélo-saharien et l’Afrique subsaharienne. Après une grave crise institutionnelle et sécuritaire, le pays remonte peu à peu la pente. Un renforcement de l’intégrité territoriale et des réformes sont nécessaires dans ce sens, pour booster l’économie du pays.

Au plan politique, le Mali est passé par une période d’instabilité marquée par le coup d’état de mars 2012 et la prise de contrôle du nord du pays par les rebelles touaregs du MNLA et les groupes djihadistes. Mais la paix et l’intégrité du territoire malien ont été en partie rétablit grâce à l’intervention militaire d’une coalition en janvier 2013. Cette opération s’est déroulée sous commandement français et sous mandat de la communauté internationale. La normalisation politique s’est concrétisée par la prestation de serment d’Ibrahim Boubacar Keita comme président en août 2013. La situation sécuritaire reste cependant fragile dans le nord du pays, à cause des groupes islamistes qui y sévissent encore.

Au plan social, le Mali demeure parmi les pays à développement humain faible. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en 2013, il se classe au 182e rang sur 187, avec un indice de développement humain (IDH) de 0.36. La légère baisse du taux de pauvreté enregistrée n’a pas permis de diminuer le nombre de pauvres dans le pays. Entre 2001 et 2010, la population pauvre est passée de 5.7 à 6.4 millions. Le taux de fécondité reste élevé (6.7 enfants par femme) et entrave la réduction de la pauvreté. Il entraîne des ratios de dépendance importants, aggrave la mortalité maternelle et perpétue les inégalités entre les sexes dans divers secteurs. Il exerce également des pressions considérables sur les moyens dont dispose l’État pour assurer la prestation des services de base (éducation, santé, protection sociale, sécurité) à tous les citoyens.

Au plan économique, la croissance du PIB a connu un rebond en 2013 (5%) par rapport à 2012 (-1.2). Ce retour à la croissance intervient après la récession économique causée par la crise multidimensionnelle qui a affecté le Mali en 2012. Cette récession a été imputée aux secteurs secondaire (-2.2%) et tertiaire (-8.8%), pendant que l’agriculture et l’exploitation des ressources naturelles enregistraient un bond de 8.1 %. Les perspectives macroéconomiques à moyen terme sont optimistes.

La croissance devrait se consolider dans les années à venir (prévisions : 6.7% pour 2014 et 5.6% pour 2015) grâce au dynamisme des secteurs tertiaire et secondaire, et aux conditions climatiques favorables à la production agricole. Toutefois, la volatilité des cours de l’or et du coton, principaux produits d’exportation, et de la fragilité de la situation sécuritaire dans le pays constituent des risques susceptibles de compromettre ces perspectives de croissance.

Au plan financier, le déficit budgétaire a augmenté en 2013, sous l’effet des dépenses sociales de reconstruction et de la baisse des cours de l’or. D’autre part, la défaillance des administrations fiscale et douanière a entravé la collecte fiscale. Le déficit budgétaire devrait persister en 2014. Au financement des besoins sécuritaires et des initiatives de réconciliation s’ajoutent celles des dépenses courantes et d’investissement (infrastructures routières, énergie, irrigation, éducation, santé…). Cependant, les efforts de réformes et la prudence budgétaire qui ressortent du budget 2014 devraient modérer la hausse du déficit.

Avec le soutien du FMI, le Mali va améliorer la gestion de ses finances publiques. Un accroissement des recettes est prévu par l’amélioration du recouvrement des impôts, la réduction des exonérations et l’arrêt des subventions à l’énergie (un transfert ciblé aux ménages à faibles revenus est prévu à titre de mesure d’atténuation). Les dépenses seront contenues par la suppression des transferts en faveur de la compagnie nationale d’électricité et des banques à capitaux publics. L’endettement public reste élevé mais le risque souverain parait maîtrisable, car le pays bénéficie de prêts concessionnels. Le besoin de financement ne pourra être entièrement assuré par les investissements directs, mais, le pays bénéficie de la facilité de crédit rapide (FCR) du FMI. Le soutien financier international convenu à la conférence des bailleurs à Bruxelles, en mai 2013, devrait soutenir la croissance en 2014. La reprise de l’aide va relancer les dépenses publiques et stimuler les secteurs affectés par la crise (construction, services, commerce).

Au plan des réformes, le programme de coopération du MAECD, initié par le gouvernement malien et le Canada est axé sur la prestation de services de base aux Maliens. Il met l’accent sur la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire et la nutrition, tout en appuyant des réformes pour améliorer la gouvernance. L’accélération des réformes est nécessaire pour s’assurer la création des emplois durables, une sécurité alimentaire et par là, une réduction de la pauvreté.

(Knowdys Database, avec Coface, Perspective économique en Afrique et Le FMI)