Maroc-Afrique: diplomatie économique ou d’entreprise?

[Africa Diligence] Dès son accession au trône en 1999, Mohammed VI a initié une diplomatie économique en direction de l’Afrique dont le succès peut se résumer en 03 chiffres clés : 29 visites d’Etat, 500 accords commerciaux et 30 pays où les intérêts marocains sont présents. Mais au delà des apparences, qui tire les ficelles? L’auteur de « Maroc-Afrique: ils ont trahi le roi » a enquêté.

Extraits

« Le passage d’Hassan II à Mohammed VI n’est pas sans rappeler la transition de la géopolitique à la géoéconomie au sens où l’entend Edward Luttwak. L’avènement de ce nouvel ordre où l’arme économique remplace l’arme militaire dans l’expression de la volonté d’affirmation du royaume sur la scène internationale correspond parfaitement aux 15 premières années du règne de Mohammed VI.

« Depuis 1999, la mission du palais royal dans la formulation des politiques géoéconomiques est au centre de la diplomatie d’influence chérifienne. Plus que le gouvernement, c’est le roi qui détermine les postures et dispositifs géoéconomiques, ainsi que les stratégies d’attaque ou de défense. C’est encore lui qui mobilise les ressources – via la société nationale d’investissements (SNI) notamment – pour minimiser les faiblesses et optimiser les forces économiques du royaume. Mohammed VI en a fait un domaine réservé.

« Vu de Rabat, loin du discours lénifiant de la coopération Sud-Sud, la géoéconomie voudrait que l’on appréhende les marchés subsahariens sous le prisme de trois éléments fondamentaux : les matières premières, les besoins des classes moyennes et les enjeux de coopération. […] Le Maghzen veut tout faire pour saisir les opportunités qu’offre la nouvelle configuration mondiale, notamment sur les marchés africains. […] Et pourtant, l’Europe représente encore 60% du total des échanges commerciaux du Maroc, suivie de l’Asie (21%), de l’Amérique (12%). L’Afrique n’arrive qu’en quatrième position avec 6,5%…

« Conçue entre le palais royal de Rabat, le siège de la SNI et le quartier général de Siger, la diplomatie économique chérifienne est une diplomatie d’entreprise à double titre. D’une part parce qu’elle est directement influencée par les intérêts du holding royal (avec ses satellites), et d’autre part parce que les acteurs qui l’animent appartiennent surtout aux grandes familles qui tiennent l’économie du royaume. Même si Mohammed VI a entrainé ses anciens camarades du Collège royal dans son sillage, l’essentiel de l’appareil économique reste entre les mains des riches héritiers qui dominent la technostructure du royaume et les grands groupes locaux.

« Dans ses Essais de morale et de politique (1597), renseigné par plusieurs retours d’expériences, Francis Bacon en arriva à la conclusion que « la gloire ressemble au marché : parfois, quand vous y restez quelque temps, les prix baissent.» Après 15 années de gloire en Afrique subsaharienne, au nom de l’alliance Sud-Sud, un détail à haute valeur symbolique est venu perturber le ciel des affaires marocaines au sud du Sahara obligeant Rabat à une espèce du danse du ventre.»

Quel détail ? Réponse in « Maroc-Afrique : ils ont trahi le roi ».

Guy Gweth

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le premier numéro du magazine « Emergences Afrique » sous le titre « la diplomatie économique marocaine est une diplomatie d’entreprise » pp 90-91.