Niger : Areva contraint de s’expliquer face aux protestations

(Africa Diligence) Plusieurs milliers de personnes ont manifesté le 12 octobre 2013 dans la cité minière d’Arlit dans le nord du Niger contre Areva. Le groupe nucléaire français Areva, qui exploite depuis plus de quarante ans l’uranium dans cette zone. Areva contraint de s’expliquer face aux protestations.

« L’objet de la manifestation qui a regroupé quelque 5 000 personnes est de soutenir le gouvernement dans ses prochaines discussions avec Areva au sujet de notre uranium », a indiqué Azaoua Mamane, l’un des organisateurs. Les manifestants – élus locaux et membres de la société civile, auxquels se sont joints des habitants –, ont défilé dans les rues de la ville en scandant des « slogans anti-Areva », qu’ils accusent de « polluer » leur environnement déjà très hostile. M. Mamane reproche également à Areva de « provoquer la radioactivité » et « de ne s’être guère soucié des préoccupations quotidiennes des habitants ».

Il dresse un bilan accablant de la présence du groupe nucléaire français sur le sol nigérien depuis près d’un demi-siècle :

« La population a hérité de 50 millions de tonnes de résidus radioactifs stockés à Arlit et Areva continue de pomper gratuitement 20 millions de mètres cubes d’eau par an pendant que la population meurt de soif. Les rues et les habitations d’Arlit sont construits à l’aide de résidus radioactifs et la nappe phréatique usée et contaminée s’assèche par la faute d’Areva ».

Le premier ministre du Niger, Brigi Rafini, a affirmé au début du mois que le Niger va « passer au peigne fin » ses contrats miniers avec Areva qu’il juge « déséquilibrés ».

En mai, un double attentat à la voiture piégée contre l’armée nigérienne et Areva par les islamistes du Mujao avait fait vingt morts. Selon Areva, quatre-vingts ressortissants français sont présents au Niger sur trois sites et dans la capitale, Niamey.

REPONSE D’AREVA APRES LA MANIFESTATION

Selon Areva, des collaborateurs nigériens du groupe n’ont dénombré qu’« environ 200 participants lors de ce rassemblement ».

Présent depuis quarante ans au Niger, le groupe français rappelle qu’il emploie 5 000 personnes dans ses sites miniers et affirme développer « localement, à hauteur de 6 millions d’euros annuels, de nombreux projets sociaux ».

Areva dit aussi mener au Niger « une politique active de protection de l’environnement – entre autres, contrôle rigoureux de la qualité des aquifères, de l’air, des sols et de la chaîne alimentaire – qui s’accompagne d’un dialogue constant avec l’ensemble des parties prenantes locales ».

Il dit respecter, tout comme ses partenaires miniers nigériens, « les standards internationaux les plus stricts en termes de radioprotection », soit moins de 1 millisievert de dose ajoutée pour les populations locales, « comme en France ». Areva « souhaite enfin rappeler que 70 % des revenus générés par l’exploitation de ses mines d’uranium sont reversés par différents biais [dividendes, fiscalité] à l’Etat nigérien ».

A suivre…

(Avec AFP et LM)