Shoot China! Le djihâd médiatique occidental s’intensifie

Dès 2025, la Chine sera très probablement la première puissance économique mondiale. L’une des dernières incertitudes qui habitent encore  les prospectivistes quant à cette éventualité est l’attitude de l’Occident devant l’expansion vertigineuse de cette Vague Jaune. Que va-t-il arriver à ce pays-continent qui est à la fois une menace et une opportunité pour le reste du monde ? Comment va-t-il réagir aux attaques extérieures ? Quelles vont en être les conséquences pour la stabilité internationale ?

Par GG

Après que Guy Spitaels a conclu que « la guerre entre la Chine et les Etats Unis » n’aura quand même pas lieu, repenchons-nous sur une autre forme de guerre, celle où la communication est une arme, l‘information une munition, et le management des symboles une tactique de manipulation imparable. A l’approche des JO de Pékin 2008, ce sont les médias occidentaux  qui portent la flamme de la discorde dans le camp adverse, sous couvert de liberté d’informer.

Il y a des phénomènes qui ont l’air anodin. Mais en les retournant, en les transposant à d’autres sphères, ils se révèlent plus bavards, plus instructifs, prompts à nous renseigner sur la société dans laquelle ils opèrent. Le sempiternel dopage sur le Tour de France est de ceux-là. La prestigieuse compétition qui rassemble les meilleurs coureurs occidentaux depuis 1903 nous apprend que la tricherie et la déstabilisation de l’adversaire sont un pilier de la compétitivité occidentale. Lorsqu’au 20h de TF1, début juillet 2008, Harry Roselmack demande à Christian Prudhomme si la répétition des cas de dopage n’est pas de nature à discréditer la grande boucle, le directeur du Tour répond que cela prouve plutôt l’efficacité des contrôles antidopages. Une pirouette qui ne répond pas à la question. Cette attitude est typique de la rhétorique occidentale, et française en particulier. Elle est le fondement de ce qu’Arthur Schopenhauer baptisa « L’art d’avoir toujours raison ». L’Occident qui a bâti sa puissance sur la violence (deux guerres mondiales…) et l’exploitation des autres peuples (esclavage, colonisation) n’est pas prête à céder son leadership au pays de Hu Jintao. Raison pour laquelle, paraphrasant Clausewitz, la guerre de l’information est stratégiquement devenue «la continuation de (sa) politique par d’autres moyens ».

C’est dans cette optique qu’à Washington, le Dalaï-Lama a été reçu par Georges Bush à la Maison Blanche. A Paris, des photos du chef spirituel tibétain et de quelques dissidents chinois trônent à l’Hôtel de ville, à quelques jours des jeux… Faites le lien, mais laissez la coïncidence où elle est. Désormais, le téléspectateur peut suivre chaque soir un envoyé spécial faisant un reportage devant un char d’assaut ou un check point, pour montrer combien Pékin est sur les dents. Quand ce n’est pas la sureté nationale, c’est la pollution qui préoccupe les chaînes de télévisions. On scrute si les normes occidentales en la matière sont respectées dans un pays qui voit passer des milliers de businessmen européens et américains par an, sans que personne ne s’indigne de la qualité de l’air. Et comme si cela ne suffisait pas, des journalistes officiellement accrédités pour la couverture des jeux olympiques croient devoir rechercher des informations sportives sur des sites internet tels que celui d’Amnesty International, pourtant pourfendeur des JO de Pékin 2008… C’est dire si l’éclipse totale du soleil qui se produira ce 1er août au dessus de l’Empire du Milieu est un sinistre présage pour les Fils du Soleil et leur sécurité.

Tout bien considéré, c’est à l’unité et au capital-image de la Chine que l’Occident s’attaque plus que tout, installant insidieusement dans les perceptions de l’opinion publique mondiale des programmes malveillants que les spin doctors chinois auront du mal à éradiquer… Faille idéale s’il en est. Car les analystes sont désormais persuadés qu’à travers tous leurs efforts, les dirigeants pékinois -comme tous les politiques- sont en quête d’estime et de reconnaissance internationales.