Pourquoi Zuckerberg a mis un costume pour aller au Nigéria

[Africa Diligence] Fin août, Mark Zuckerberg est allé au Nigeria à la recherche de nouvelles idées à ramener en Californie. But : permettre à Facebook d’accroitre sa position dans le développement technologique et l’entrepreneuriat en Afrique. Mais ce n’est pas un hasard si le PDG de Facebook s’est mis en costume…

Pour Mark Zuckerberg la capitale économique du Nigeria est une ville qui bouillonne, invente et se transforme continuellement. Pour son premier voyage en Afrique subsaharienne, le patron de Facebook a choisi comme destination Lagos, surnommée la Silicon Valley de l’Afrique. Décryptage avec Alisée de Tonnac, cofondatrice de Seedstars World spécialisée dans la recherche de start-up dans les pays émergents et qui réside depuis un an au Nigeria.

Pourquoi Mark Zuckerberg se tourne aujourd’hui vers Lagos ?

Alisée de Tonnac : Le Nigeria, qui compte 180 millions d’habitants, est le plus grand marché de Facebook en Afrique avec plus de 16 millions d’utilisateurs par mois. Si Mark Zuckerberg veut acquérir plus d’utilisateurs, l’entreprise doit régler la question du réseau, car tout le monde n’a pas accès au wifi. Facebook cherche donc à lancer Express Wifi (un service payant qui installe des bornes wi-fi dans les zones rurales, ndlr) au Nigeria.

Autre facteur important, la fondation Chan-Zuckerberg a investi 24 millions de dollars dans la société Andela (spécialisée dans le recrutement et la formation de développeurs de logiciels ndlr). C’est un très gros investissement sur la scène des start-up tech au Nigeria.

Pour quelles raisons Lagos est considérée comme de la Silicon Valley africaine ?

Avant on citait souvent Cape Town et Johannesburg comme scènes technologiques importantes. Depuis cinq ans, c’est Lagos qui fait figure de Silicon Valley. C’est dans la banlieue de la ville, à Yaba, que se trouvent toutes les universités, la majorité des consommateurs, mais aussi de plus en plus de start-up et d’incubateurs de start-up.

D’ailleurs, Mark Zuckerberg s’est d’abord rendu à Yaba, au Co-Creation Hub (le centre de formation et d’accompagnement des entreprises en informatique, ndlr). Cette popularité s’explique aussi par le coût des loyers, exorbitants sur l’île et bien plus abordables en banlieue.

Qui sont ces start-up de plus en plus présentes ?

Ce sont des sociétés comme Paga (premier service de payement mobile au Nigeria, ndlr), Hotel.ng et Andela qui ont levé plusieurs millions de dollars. L’une des étoiles montantes est Kangpe, le vainqueur du concours de start-up de Seedstars. Elle permet aux Africains de discuter de leurs problèmes de santé rapidement et en toute confidentialité avec les médecins via le Web ou par SMS.

Quel sera le rayonnement de Lagos dans l’avenir ?

Dernièrement il y a eu un ralentissement en termes d’investissement, les gens se montrent plus prudents. Mais pour 2050 on prévoit une population de plus de 300 millions : c’est un énorme marché à conquérir. Sur la scène technologique, la croissance de Lagos n’est pas près de s’arrêter.

La Rédaction (avec Le Temps)