[Africa Diligence] La Loi de finances 2018 de la Tunisie n’a pas été tendre avec les entreprises allemandes implantées dans le pays. Cette loi a institué de nouvelles barrières administratives, notamment l’autorisation du ministère du Commerce pour pouvoir ouvrir une lettre de crédit. Cependant, les entreprises allemandes restent confiantes et optimiste pour l’avenir.
L’enquête annuelle de la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK) sur la situation et les perspectives des entreprises allemandes en Tunisie montre que, malgré la situation économique et la rigidité de la Loi de finances 2018, les entreprises allemandes restent positives pour 2018 et sur les perspectives d’avenir.
C’est ce qui ressort globalement de la conférence de presse tenue, ce lundi 25 juin 2018, au siège de la chambre par le président de l’AHK Ibrahim Dabbeche et son DG Martin Henkelmann.
Ainsi, 85,7% des entreprises allemandes opérant en Tunisie estiment que la situation actuelle est bonne (41,8%) ou satisfaisante (43,9%). Ces chiffres sont différents d’un secteur à l’autre. Alors les sociétés totalement exportatrices et électrotechniques le sont largement avec respectivement près de 93% et de 94%, celles qui ne sont pas exportatrices et du textile et confection le sont dans une moindre mesure, avec respectivement près de 66% et de 80%.
Cette tendance est confirmée par leurs prévisions en matière de chiffre d’affaires, les meilleurs depuis la révolution. En effet, 60% des entreprises interrogées ont augmenté leur chiffre d’affaires en 2017 et 52,6% d’entre elles envisagent de l’améliorer en 2018. S’agissant de leurs prévisions d’investissement, 54,6% des entreprises allemandes tous secteurs confondus comptent les augmenter courant 2018, à leur tête celles du secteur électrotechnique qui se distingue avec un taux de 70,6% d’intentions d’investissement.
Autre volet important celui du recrutement, 45,3% des entreprises sondées tous secteurs confondus ont augmenté leurs effectifs en 2017 et 53% prévoient de le faire en 2018.
En ce qui concerne les atouts de la Tunisie, 81,6% des sociétés interrogées citent la proximité géographique par rapport à l’Europe, 51% optent pour les coûts de production compétitifs et, aussi, pour l’évolution du taux de change alors que 34,7% parlent de la disponibilité de la main d’œuvre. Seulement 27% des entreprises pensent que les avantages fiscaux sont un atout de la Tunisie en 2018 contre 44% qui le pensaient en 2016.
S’agissant des handicaps, les sociétés allemandes évoquent l’instabilité sociale (56,2%), l’instabilité politique (54,1%) suivis par la rigidité et forte réglementation administrative avec 48%. En tête des difficultés rencontrées avec les autorités publiques tunisiennes, elles citent notamment la douane qui représente largement l’obstacle le plus contraignant 81% des sociétés non totalement exportatrices l’évoquent et 49% des sociétés totalement exportatrices. En second lieu, les transferts de devises et la Banque centrale de Tunisie sont cités par 58% des sociétés non totalement exportatrices et 26% des sociétés totalement exportatrices.
Pour pallier ces insuffisances, les entreprises allemandes suggèrent au gouvernement tunisien : la simplification de la bureaucratie, l’instauration d’une stabilité politique, la lutte contre la corruption, la stabilité sociale, l’implantation d’un port en eau profonde à Enfidha, l’amélioration des transports publics et de l’infrastructure. Autre demande, la mise en place des réformes structurelles qui tardent à être mises en place.
Parmi les nouveautés de ce questionnaire, figure l’activité en Afrique. 28% des entreprises affirment avoir une activité sur le continent africain en dehors de la Tunisie, dont 37% opèrent dans le secteur électrotechnique. 42% des entreprises non totalement exportatrices sont actives en Afrique, contre 22% des entreprises totalement exportatrices. Pour la répartition géographique, la région de l’Afrique du Nord vient en tête avec 85% des entreprises, suivie de l’Afrique de l’Ouest avec 26%.
Interrogé sur la Loi de finances 2018, Ibrahim Dabbeche a affirmé que les entreprises allemandes ont été choquées par la circulaire qui concerne l’obligation d’avoir les documents d’export pour les produits finis et semi-finis en l’une des trois langues : arabe, français ou anglais, l’allemand ne figurant pas dans ces langues alors que l’Allemagne est le 2ème partenaire du pays.
Martin Henkelmann a affirmé, pour sa part, que pour investir il faut de la visibilité, il faut que l’investisseur ait confiance dans le fait que son plan de développement va se passer comme il l’entend ou au mieux.
Chose que le président confirme : les sociétés font leurs prévisions en septembre, décider des taxations en décembre bouleverse leurs business plans. Un moratoire fiscal est nécessaire estiment les deux dirigeants de l’AHK, les années 2017 et 2018 ayant été très difficiles pour l’ensemble des entreprises tunisiennes ou basées en Tunisie.
La Rédaction (avec I.N)
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