Quelle stratégie pour attirer les investissements dans l’agriculture en Afrique ?

[Africa Diligence] L’Afrique a les moyens d’attirer des investissements pour réduire la pauvreté en encourageant les pays producteurs de pétrole à diversifier leur économie et à réinvestir les revenus pétroliers dans le développement d’autres secteurs, dont notamment l’agriculture.

Ouvert le samedi 24 février pour  9 jours, le Salon international de l’agriculture de Paris, c’est aussi des conférences sur la filière agricole dans toute sa diversité. L’Afrique y est aussi présente. Un continent plein d’opportunités dans l’agriculture, notamment pour accroître les rendements. Mais pour les investissements dans ce secteur, il faut de la stratégie et une maîtrise des outils d’implantation. Des thèmes qui ont fait l’objet d’une conférence ce lundi 26 février 2018.

L’Office chérifien des phosphates ne se contente plus seulement de produire et de vendre des engrais. Le groupe marocain entend depuis peu accompagner les agriculteurs.

Souleymane Soumahoro, juriste chez OCP : « Accompagnement au niveau de la formation, de l’accès à l’information, de l’étude des sols et pourquoi le financement et aussi la logistique. Il ne suffit pas de vendre, il faut que ceux qui ont besoin de ces produits aient accès aux bonnes pratiques pour leur utilisation. C’est pour cela que le groupe a mis en place le schoollab, c’est une sorte de bus itinérant qui propose des formations de sensibilisation aux bonnes pratiques, aux agriculteurs, mais aussi un laboratoire d’analyse qui permet sur place en temps réel de faire des échantillonnages et des tests de fertilité. C’est un bus qui circule dans les villages les plus reculés. »

Les premiers bus ont été mis en place en Côte d’Ivoire et au Nigeria. 60% des emplois en Afrique se trouvent dans le secteur agro-industriel, un secteur qui ne pèse que moins de 25% du produit intérieur brut. Les fonds d’investissements s’intéressent en général aux productions africaines destinées à l’exportation. Mais ResponsAbility finance aussi des productions qui visent seulement les marchés intérieurs.

Gaëlle Bonnieux, cadre au sein de ce gestionnaire d’actifs : « On a financé des structures qui font du maïs par exemple, où là c’est plus un marché local, d’une structure qui distribue des sachets d’eau, c’est aussi un marché local. On a aussi des structures qui produisent des fruits. Il est vrai que les financements locaux sont plus compliqués à structurer que des marchés à l’exportation. Sur les contrats en local, ça se fait plutôt de gré à gré et ce sont des contrats qui sont de très courtes durées aussi. Ça nous demande beaucoup plus de gestion et de rotation des financements. »

Créée à Bamako il y a 2 ans, l’entreprise Zabbaan, qui valorise notamment des fruits et des arbustes d’Afrique de l’Ouest, veut conquérir un marché plus large. Sa fondatrice et directrice générale a installé fin 2017 à Paris Zabban International. Aïssata Diakité précise que cette décision n’a pas été dictée uniquement par une forte demande dans la capitale française.

Aïssata Diakité : « Le commerce Sud-Sud en Afrique est très difficile. C’est beaucoup plus facile pour les PME comme moi d’exporter en Europe que de faire du commerce Sud-Sud avec nos pays voisins parce qu’il y a toujours une dominance de réseaux qui ont toutes les parties prenantes au niveau douanier dans leurs poches. Et si une petite entreprise veut se lancer, même pour une grosse PME, c’est souvent difficile. Il n’y a pas assez d’entreprises de transports compétitives également. »

Malgré les difficultés, Zabbaan veut être leader en Afrique de l’Ouest dans les 5 prochaines années.

Avoir une bonne stratégie c’est bien, mais résoudre au préalable le problème foncier c’est encore mieux. Car, il pourrait constitué le plus grand obstacle à l’investissement dans l’agriculture en Afrique.

La Rédaction (avec Stanislas Ndayishimiye)