RD Congo : la croissance grâce au secteur minier ?

(Africa Diligence) Au cours des deux dernières décennies, la structure de l’économie de la RDC n’a pas fondamentalement changé. Elle reste tributaire de l’exploitation minière et de l’agriculture. Pour les conseils en intelligence économique d’Africa Diligence, compte-tenu de la demande mondiale de minerais et de l’importance des investissements réalisés dans ce secteur ces dernières années, la croissance devrait poursuivre sa progression pour atteindre environ 9.4 % en 2014.

La croissance grâce aux investissements dans les infrastructures et le secteur minier

Les ressources publiques provenant de l’exploitation minière en RDC sont dérisoires au regard de son potentiel. La guerre à l’est du pays a compromis les activités dans le secteur minier et réduit les sources de revenus. En 2014, le pays devrait renouer avec une croissance forte en raison des investissements dans les infrastructures (couloir fluvial plurimodal entre Kinshasa et Kisangani, couloir de transport de l’énergie entre Kinshasa et Lubumbashi) et le secteur minier.

Le gisement aurifère de Kibali, l’un des plus importants d’Afrique, est entré en phase d’exploitation en septembre 2013 et va accroître significativement la production d’or en générant des activités dans la province orientale. La mine de cuivre et de cobalt de Tenke Fungurume dans le Katanga pourrait aussi accroître sa production pour satisfaire la forte demande chinoise. En outre, le projet Sicomines, a permis la réalisation d’infrastructures routières et ferroviaires qui vont soutenir les activités économiques.

Les déficits budgétaire et courant restent élevés

Le déficit budgétaire s’est creusé en 2012 (6.4 %) en raison des difficultés de mobilisation de l’administration fiscale, des exonérations et de l’importance des dépenses militaires. En 2014, le déficit restera élevé mais des efforts devraient être entrepris via un contrôle accru des dépenses, notamment l’arrêt du financement des déficits par des avances de la Banque centrale, la maîtrise de l’effectif pléthorique de la fonction publique et l’élargissement de l’assiette fiscale.

La fin de l’engagement contre le Mouvement du 23 mars (M23) pourrait relâcher la pression des dépenses militaires sur le budget. La simplification en cours de la fiscalité devrait permettre de réduire les tracasseries administratives, encourager l’investissement et faciliter le recouvrement des recettes, tout comme, l’application de la TVA et la réduction des exonérations. Mais, les dépenses extrabudgétaires font peser un risque sur la dette. En outre, le recours à l’endettement non concessionnel pour financer la participation publique dans les grands projets d’infrastructures menace la viabilité de la dette.

Le déficit courant a augmenté en 2013 en raison de la baisse des cours des minerais exportés, du maintien des importations des biens d’équipement pour la réalisation des investissements d’infrastructures et du rapatriement des profits des sociétés minières. En 2014, le déficit devrait se creuser, pour les mêmes raisons. Toutefois, les flux d’investissement dans le secteur minier aident à faire face aux besoins de financement. Des difficultés pourraient survenir, certains investisseurs pouvant être découragés par le projet de réforme du code minier. La dollarisation partielle de l’économie continuera de limiter la volatilité du taux de change.

La fragilité de la situation sécuritaire et l’environnement des affaires

L’environnement politique de la RDC est affecté par la récurrence des rébellions. La victoire militaire sur le M23, avec le soutien des casques bleus des Nations Unies, devrait déboucher sur des discussions politiques et rétablir l’autorité de l’Etat au Nord Kivu.

Le climat des affaires continuera à pâtir de la fragilité de l’environnement sécuritaire, du manque de transparence dans le secteur minier. En effet, la RDC n’applique pas la Convention de New York sur la reconnaissance et l’exécution des décisions arbitrales étrangères. Un projet de loi présenté au Parlement en avril 2013, portant révision du code minier constitue le risque majeur pour les investissements. Il prévoit une hausse des redevances sur le cobalt et le cuivre, de même qu’un relèvement des impôts sur le bénéfice des sociétés et un réaménagement de la clause de protection contre les changements de législation. Toutefois, les oppositions au projet, concrétisées par un report du vote, modèrent le risque d’une application de ces dispositions à court terme.

(Knowdys Database, avec Coface et Banque mondiale)