Sierra Léone : une croissance est tirée par le minerai de fer

[Africa Diligence] Rutile, diamant, bauxite, or, minerai de fer, platine, tantalite, zircon, ilménite, chromite et colombite : voilà de quoi recèle le sous-sol sierra-léonais. Tractée par le dynamisme du secteur minier l’économie local peut également compter sur le secteur agricole. L’agriculture pèse à elle seule 52,7% du PIB et génère plus de 60% d’emplois est essentiellement dédié au cacao, 2e produit d’exportation du pays.

Le secteur primaire – Le secteur primaire en 2013 a représenté 52,7% du PIB, essentiellement tirée par le secteur agricole et le sous-secteur de la pèche. La Sierra Léone dispose d’un fort potentiel agricole. Le pays couvre un territoire de 72 300 km², dont 5,4 millions d’hectares (74%) sont potentiellement cultivables. Les hauts plateaux représentent 80% des terres arables, adaptées à différentes cultures de subsistance ou de rente. Les plaines, plus fertiles, peuvent elles aussi atteindre des rendements agricoles élevés.

L’agriculture reste dominante, mais a également diminué progressivement de 58% en 2009 à environ 50% en 2014, selon les prévisions. La croissance annuelle de l’agriculture est quant à elle restée stable, à environ 4 à 5%. Ce secteur représente environ 60% du PIB et 2/3 des emplois du pays. La production agricole est concentrée sur quelques produits de base : riz, cacao ou café. Mais, le virus Ébola a lourdement affecté en 2014 le secteur agricole. Les récoltes de cacao et de riz, qui proviennent majoritairement de l’Est du pays, épicentre de l’épidémie, ont particulièrement chuté, 40% des terres ayant été inexploitées fin 2014.

Avec une production de cacao autour de 20 000 tonnes par an, le pays bataille pour dépasser ses niveaux d’avant-guerre (25 000 tonnes en 1991). Le cacao, deuxième produit d’exportation du pays constitue une source vitale de revenus. La valeur des exportations de cacao s’élevait à près de 9 millions USD en 2013. La plupart de la production cacaoyère provient des districts orientaux de Kailahun, Kenema et Kono, qui sont les régions les plus productives du pays. Une enquête menée par la Welthungerhilfe et partenaires en septembre 2014 a constaté que 45% des ménages paysans de la région produisent du cacao.

Impactée elle aussi par Ébola, la production rizicole, en 2014 a été réduite de 5% environ. Elle était estimée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à 770 000 tonnes. Toutefois, selon les données de la Banque mondiale, la production de riz a enregistré une croissance soutenue entre 2007 et 2013, passant de 370 000 à 693 000 tonnes. En rappel, la production rizicole représente 85% de la production céréalière nationale et contribue à elle seule à 75% du PIB agricole. Le pays exporte aussi d’autres produits issus des plantations, localisées essentiellement dans les régions côtières : huile et fibres de palme (36 000 tonnes en 2013), millet (37 000 tonnes en 2013), sorgho (30 000 tonnes en 2013) et noix de kola.

La pêche est d’un apport limité malgré des ressources halieutiques abondantes. Elle a représenté 10,2% du PIB du secteur primaire en 2013.

Le secteur secondaire – Le secteur secondaire, 15,2% en 2013 est essentiellement tributaire du secteur minier, notamment la production du minerai de fer.

Le secteur minier représente 85% de l’activité industrielle. La Sierra Leone dispose d’un important potentiel minier (diamant, rutile, or, bauxite, fer) dont l’exploitation soutient la hausse du PIB. En 2011, les 21 entreprises minières – qui extraient de l’or, des diamants, de la bauxite, des minerais de fer et du rutile – ont contribué à hauteur de 12 milliards USD des recettes du gouvernement. Lorsque le pays a commencé de produire et d’exporter du minerai de fer dans le cadre de deux grands projets miniers, son PIB réel a fait un bond impressionnant, de 15,2% en 2012, reflétant la hausse de la production de ce secteur, qui est passée de 137 000 tonnes en 2011 à 6,6 millions de tonnes en 2012, soit une hausse de plus de 95%.

Dans le domaine pétrolier, la Sierra Leone dispose de vastes réserves de pétrole offshore, évaluées à plusieurs milliards de barils. En 2012, le gouvernement sierra-léonais a perçu sur la période 2008-2010, 18,5 millions USD de revenus pétroliers (contre 7,7 millions USD en 2006 et 10,6 millions USD en 2007). En 2011, les quatre entreprises pétrolières et gazières opérationnelles dans le pays – Talisman, Lukoil, Anadarko, et European Hydrocarbon – représentaient plus de 15 milliards USD. Après un contrat de concession signé avec les autorités du pays en octobre 2013 et ratifié par le parlement du pays en février 2014, Oryx Energies s’apprête à construire une jetée pétrolière ultra-moderne au terminal pétrolier de Kissy, principal terminal d’import-export de Sierra Leone situé dans sa capitale Freetown. Cette jetée permettra à la filiale locale d’Oryx Energies, Petrojetty Company Limited, et à toutes les sociétés du secteur, d’importer et d’exporter des produits pétroliers, des huiles comestibles et du bioéthanol. Le projet, qui représente un investissement de 40 millions USD – et qui s’est achevé début 2015 – permettra à la Sierra Leone d’accueillir de nouvelles classes de pétroliers. Le projet fournira également les infrastructures nécessaires à l’export du bioéthanol de sa société sœur, Addax Bioenergy, qui commencera la production de bioéthanol à partir de canne à sucre sous peu. La compagnie entend produire 85 000 m3 de bioéthanol d’ici fin 2016 dans son projet d’énergie renouvelable. Pour cela, la société envisage le développement d’une plantation de 10 000 hectares, la construction d’une usine de bioéthanol et d’une centrale électrique à biomasse qui fournira de l’électricité renouvelable à l’usine et 20% des besoins du pays d’Afrique de l’Ouest, soit 15 mégawatts. En 2011, les revenus issus des secteurs pétrolier, gazier et minier qui étaient jusque-là inférieurs à 1% du PIB ont évolué rapidement. Ils devraient atteindre 17% du PIB d’ici 2020.

Gaétan Awa (Avec Knowdys Database, BM, PEA, EITI et AGEFI)