Soizic Merdrignac : une Global Executive Coach Ivoirienne au service de l’Afrique émergente

[Africa Diligence] Soizic Merdrignac a travaillé avec plus de 300 Dirigeants et Top-managers dans plus de 20 pays. Parmi ses cibles : des organisations du « Top 4 Consultancy Firm ». Ses clients évoluent dans divers secteurs où l’émergence de l’Afrique est palpable : pétrole et gaz, infrastructures, éducation, agro-industrie, I.T, industries de la santé, services financiers et assurances, médias et institutions gouvernementales.

Franco-ivoirienne, Soizic Merdrignac a évolué sur trois continents. Elle représente cette nouvelle génération d’Africains très « Global people » qui investissent, travaillent et s’engagent pour l’Afrique. Elle est coach certifiée par la Coach Académie de Paris (Coaching individuel et Coaching d’équipe), formée au Strategic Intervention Coaching par l’institut Robbins-Madanes Training, accréditée par PERFORMANSE, leader français de l’évaluation RH, et PROSCI, spécialiste américain de la conduite du changement.

Global Executive Coach, Formatrice et Consultante, Soizic Merdrignac s’investit dans l’accompagnement des entrepreneurs, des managers et des dirigeants dans leur recherche de performance, d’excellence et la réalisation de leurs objectifs en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale et en Europe.

Son travail consiste à aider les dirigeants à améliorer la performance, la productivité et la rentabilité des équipes tout en favorisant le développement de leur leadership, des compétences et des talents. Elle accompagne les conduites du changement et les transitions au sein des organisations pour une réussite maximale et un minimum de perturbations. Sa pratique apporte une vision stratégique, innovante et des outils pragmatiques pour la résolution des problématiques organisationnelles, une satisfaction clients/employés améliorée et une performance globale renforcée.

Serial-entrepreneure, Soizic Merdrignac a fondé dernièrement, à Abidjan, Smart Metrix, cabinet de conseil d’un nouveau genre, qui aborde la problématique cruciale de la mutation et de la performance des organisations depuis des structures rigides, très hiérarchisées, lourdes dans leurs modes de fonctionnement vers des structures fluides, dynamiques, plus ouvertes. Elle s’appuie sur des solutions innovantes, digitalisées et collaboratives. Son objectif majeur : rendre ses clients plus influents, actifs, performants et compétitifs sur l’échiquier économique, médiatique, institutionnel africain et mondial.

C’est une femme multicarte, passionnée d’Afrique et porteuse d’une vision positive de l’influence et de la performance que nous avons rencontrée pour cet entretien exclusif.

Africa Diligence : Croyez-vous en l’émergence économique du continent africain ?

Soizic Merdrignac : Pour reprendre une expression à la mode, je suis une afro-optimiste convaincue et très fière de mon africanité mais cela ne m’empêche pas d’être objective. Pour être honnête, ma réponse est « Non » à l’heure actuelle. Malheureusement, le continent dans sa totalité n’est pas émergent. À mon sens, la croissance économique africaine ne rime pas encore avec l’émergence économique. Nous avons des frémissements, des « poches » d’émergence qui ne touchent pas l’ensemble de nos territoires.

Le continent africain a connu la plus forte croissance dans les échanges internationaux durant ses dix dernières années. Nous avons une augmentation globale de la richesse du continent et avons à notre disposition les ressources naturelles, une démographie avantageuse, une population jeune (et presque-active) qui peut soutenir l’émergence du continent. L’Afrique sera bientôt « l’Atelier du monde » pour reprendre l’expression de Lionel Zinsou. Notre continent est vaste, riche de son sol, ses différences, sa diversité et regorgent d’opportunités. Tout est à faire !

Est-ce-que la croissance économique sur le continent est un signe et un vecteur d’émergence ? Je ne le crois pas. Nous sommes à un stade embryonnaire Notre terre souffre tellement des inégalités, de la pauvreté, du manque d’accès à l’éducation et aux soins, des problématiques de démocratie et gouvernance, de lacunes structurelles, du poids de l’informel, du manque d’indépendance, d’infrastructure défaillantes, d’industrialisation faible, de politiques de transformation des matières premières indéterminées, des risques liées à la violence terroriste, de mentalités peu pourvoyeuses d’innovation et de performance, etc. J’ai cette formule qui me vient en tête : « An hungry man is an angry man ». Il est difficile de participer et de s’engager pour l’émergence lorsque l’on a faim. L’engagement pour l’émergence me semble, parfois, être plus superficiel et le résultat de stratégie de communication qu’une véritable mise en action pour produire de la richesse locale, inclusive et source de développement.

Il n’y aura pas d’émergence sans leadership éclairé, sans vision partagée et sans stratégies de développement à court, moyen et long terme. Nous avons à travailler pour intégrer, stabiliser, pérenniser les conditions de l’émergence et du développement, favoriser les échanges panafricains et mondiaux, l’intégration continentale pour créer de la richesse et devenir de plus en plus autonome face à l’aide internationale. Il est temps de sortir de la tutelle des « pays dits développés » et de travailler pour notre développement. Faisons en sorte que les investisseurs privés remplacent les bailleurs de fond !

Il faut aussi développer cette conscience, cette énergie, cet engagement collectif de l’ensemble de nos populations, à tous les niveaux, loin de l’ethnocentrisme et du communautarisme. Faisons en sorte que chacun d’entre nous, en tant que citoyen responsable, participe à hauteur de ses moyens, au développement et adopte des comportements sains et respectueux d’autrui, vecteur aussi de confiance et de sécurité.

Embrassons le changement et les transformations. Nous ne pouvons pas nous développer si nous restons accrochés au passé et à nos pratiques « anciennes ». Ouvrons nous à la différence, à l’innovation, inspirons nous de ce qui fonctionne « ailleurs » et adaptons le à notre ADN. Apprenons des erreurs d’autrui et agissons !

Pour nuancer mon discours, je tiens à réaffirmer mon optimisme. Je crois en l’émergence et au développement du continent. Même si le chemin est long et semé d’embûches, le résultat nous comblera, nous et les générations futures.

S’il fallait vous aider à contribuer au développement rapide de l’Afrique, quels leviers pourrait-on activer ?

Un développement rapide repose sur des points clefs :

  • Des partenariats avec des investisseurs privés pour un secteur privé fort, des entrepreneurs qui soient accompagnés pour réussir et des états exemplaires ;
  • Une industrialisation réfléchie et progressive ;
  • Un cadre législatif commun qui favorise l’entreprenariat et la création de richesse ;
  • Un renforcement des compétences du capital humain et de son employabilité autant au niveau des hard que des soft skills ;
  • L’usage des nouvelles technologies et des technologies de l’information pour identifier, évaluer, rassurer, ajuster et innover dans nos usages, nos modes de consommation, nos actions ;
  • Un accès facilité à l’énergie, à l’électricité par une amélioration de la production énergétique via des sources plus écologiques (soleil, vent, eau, biocarburant, etc.) ;
  • Pour favoriser les échanges d’intelligence, de pratiques, de moyens, il est essentiel de faciliter les déplacements, les transports, les échanges commerciaux et non commerciaux sur le continent. Il faut réduire le coût de charges liées au transport. Prenons l’exemple des vols continentaux ou intercontinentaux. Leurs tarifs sont prohibitifs et dissuasifs pour des entrepreneurs, des professionnels et même des touristes.

Si vous vous retrouviez à la tête de votre pays, dans les 24 heures, quelles seraient vos trois premières décisions ?

Moi, Présidente :

Je relancerai les investissements dans l’éducation et la formation professionnelle en axant aussi bien la démarche sur des compétences techniques que sur des « soft skills ». L’éducation et la formation sont les meilleurs investissements à long terme. Les bénéfices sont multiples : disposer de ressources humaines qualifiées, performantes et compétitives ; veiller les consciences, la citoyenneté et l’engagement collectif ; s’adapter aux besoins sociétaux et économiques, développer l’employabilité, permettre l’appropriation des nouvelles technologies (ex : Code4Africa) ; favoriser la cohésion nationale et de réconciliation autour d’une activité et des projets communs ; renforcer la communication et la paix.

Je créerai les conditions pour faciliter et développer l’entreprenariat. Nous avons besoin en Afrique d’un secteur privé fort mais pas uniquement représenté par des grandes entreprises multinationales ou locales. Il est essentiel qu’il soit porté par des entrepreneurs, TPE et PME afin de créer de la richesse et une redistribution de celle-ci. Le fondement est un cadre législatif adapté pour faciliter la création des entreprises, accéder plus facilement aux financements et aux garanties (banque, privés, publics, institutions, microfinance), simplifier les processus de soumissions aux appels d’offre, la création d’incubateurs et de pépinières mi- privés et mi- publics, investir dans l’innovation, etc. L’un des points clefs est pour moi l’entreprenariat au féminin. Il est valoriser, à défendre, à accompagner grâce à des formations et des programmes spécifiques.

J’investirai dans l’industrialisation de mon pays en m’appuyant moins sur les opérateurs économiques historiques et en recherchant des alternatives et partenariats innovants et respectueux de mon pays et de mon peuple. Je travaillerai de concert avec mes alter-égos du continent car ensemble, les pays africains doivent collaborer et entamer cette mutation nécessaire fondée sur une industrialisation intelligente, pour s’attaquer aux maux dont souffre le continent (chômage, pauvreté, inégalités de genre, employabilité, etc.). Ce n’est qu’en collaborant, en mutualisant les intelligences, les moyens, les ressources que nous aurons des résultats efficaces et durables. Nous devons tirer profit de la manne des matières premières pour industrialiser l’Afrique et créer de la richesse. Cela signifie de valoriser nos matières premières « soft » et « hard » (minières, énergétiques, agricoles et non agricoles, humaines) et développer les réseaux en amont et en aval du secteur des produits de base. L’industrialisation créera de l’emploi, du revenu et des bénéfices économiques, sociétaux, culturels pour un impact dans tous les secteurs d’activité. Les pays africains tireront un avantage de la diversification des capacités technologiques, de la disponibilité des compétences et savoirs, des échanges et des structures industrielles de chaque pays.

Propos recueillis par la Rédaction

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