Tunisie, l’émergence par l’industrie

[Africa Diligence] La structure de production tunisienne est dominée par les services (59,4% du PIB) et l’industrie (31,2%). Le poids de l’agriculture reste limité (9,4% du PIB), mais celle-ci conserve un rôle important dans les performances globales de l’économie compte tenu de la part des exportations de produits agricoles dans le commerce extérieur (10,5%). L’industrialisation est le passage obligé vers l’émergence du pays.

Le secteur primaire – Le secteur agricole occupe une place importante dans l’économie tunisienne, dans la mesure où il garantit la sécurité alimentaire du pays, basée essentiellement sur la production nationale, et constitue la principale activité dans plusieurs régions. En 2013, le pays a enregistré une baisse des exportations alimentaires, notamment la chute des ventes de l’huile d’olive de 73% en valeur (126,2 millions de dinars contre 476 millions de dinars) et 75 % en volume (22,7 mille tonnes en 2014, contre 92 mille tonnes en 2013), outre la régression des ventes des préparations de légumes et de fruits de respectivement 62% et 16%. En revanche, les autres produits alimentaires ont enregistré une hausse en terme de valeur des exportations, à l’instar des produits de la mer (frais et congelés) qui ont progressé de 25% malgré la baisse de 10% de leur prix, des dattes de 10% grâce à l’amélioration des prix pratiqués au niveau des exportations à raison de 26% et des agrumes de 4% malgré la stabilité enregistrée au niveau des quantités exportées à 21 000 tonnes. C’est aussi le cas pour les légumes frais qui ont augmenté de 12% en valeur et de 31% en volume. Il y a lieu de signaler que la valeur des exportations alimentaires a représenté, au cours des 5 premiers mois de cette année, 7,2% du total des exportations des biens du pays contre 10,3% durant la même période en 2013.

Le secteur de la production animalière a besoin de réformes rapides et profondes au niveau des systèmes de production laitière et de viande rouge. Lors du séminaire national sur le devenir du secteur animalier à l’horizon 2020 tenu mardi 09 septembre 2014, le ministre de l’agriculture Lassaad Lachaal, a dit que son département œuvrait à revoir la stratégie de développement du secteur agricole à l’horizon 2020 avec au programme des plans sectoriels de développement des produits fourragers et de l’élevage des génisses. L’objectif est de préserver le cheptel national et de développer le cheptel de race pour atteindre 445 000 femelles en 2020. Le ministère projette également de porter le taux de collecte de lait frais de 73% actuellement, à 85% et la production de viande rouge de 2% annuellement, pour atteindre 134 mille tonnes en 2020 contre 118 mille tonnes en 2014. Le cheptel bovin se compose de 424 000 femelles dont 228 000 de race alors que le cheptel ovin compte plus de 5 millions de femelles, outre 37 000 femelles de camélidés.

Le secteur industriel – Le tissu industriel compte environ 5 669 entreprises ayant un effectif supérieur ou égal à 10 employés. La répartition des entreprises par secteur est la suivante : agro-alimentaire 18,5%, matériaux de construction 8%, industrie chimique 9,7%, industrie électrique, mécanique et électronique (IME) 17,6%, textile et habillement 32%, divers 14,2%. La Tunisie est historiquement bien intégrée dans les chaînes de valeur mondiales (CVM), notamment dans trois secteurs industriels : le textile-habillement, l’industrie agroalimentaire, et les industries mécanique, électrique et électronique. Ce dernier secteur a connu l’évolution la plus marquée grâce au développement des branches de composants automobiles et aéronautiques, et ses exportations ont progressé de 18% en moyenne et par an entre 2000 et 2012. Les trois secteurs clés de l’industrie tunisienne représentent 75% des entreprises exportatrices et ils concentrent plus de 65% des emplois industriels.

En 2013, le secteur manufacturier a enregistré une croissance moyenne de 2,5%. Cette croissance a été tirée principalement par les branches textile (+3,7 %), mécanique et électrique, fortement orientées vers l’exportation, ainsi que par la bonne tenue des industries chimiques (+4,2 %). Toutefois, la compétitivité du secteur industriel tunisien demeure faible et dépendante des cours du dinar. La reprise en 2014 dans la zone euro devrait étayer une relance du secteur industriel, particulièrement des manufactures européennes externalisées en Tunisie (offshore).

Le secteur des industries non manufacturières a enregistré une croissance limitée à 2% suite au fléchissement de la valeur ajoutée dans la branche pétrole et gaz (-1%) et à la baisse de 36% de la redevance sur la portion tunisienne du gazoduc qui transporte le gaz algérien vers l’Italie. Le secteur des mines avait en 2013 enregistré une forte croissance (16,4%), avec la reprise progressive de la production de phosphate en dépit d’un contexte social difficile. Déjà en 2012, la production globale du phosphate tunisien n’avait pas répondu aux prévisions. Au 31 décembre, selon la Compagnie du phosphate de Gafsa, la production annuelle s’élevait à 2,762 millions de tonnes contre 4,6 millions de tonnes prévues, soit une baisse de 40%. En 2014, la production de phosphate est dans une tendance baissière marquée par une production d’environ 217 000 tonnes contre une projection de 598 000 tonnes, laissant apparaître une sérieuse baisse de 64%, sur les deux premiers mois de l’année. La production devrait néanmoins atteindre 8 millions de tonnes en 2016, puis 10 millions de tonnes en 2018, grâce à l’entrée en exploitation de nouveaux gisements.

Principal conseil : le retour à la croissance en Tunisie passe inexorablement par le renforcement des capacités industrielles en infrastructures et logistiques.

(Knowdys Database, avec Perspectives économiques en Afrique, Banque mondiale, Xinhua, Web Manager Center et Tunis tribune)