Tunisie, une terre propice aux investissements étrangers

[Africa Diligence] La Tunisie jouit d’une position stratégique dans le Maghreb. En plus des richesses dont dispose le pays, son ouverture sur la mer est un élément à prendre en compte pour attirer les investisseurs étrangers. Après le printemps arabe, le pays doit absolument créer des emplois et assurer une meilleure répartition sociale des richesses.

Au plan économique, la Tunisie a enregistré une croissance en baisse 2013 (2,6%). Taux en deçà de la prévision officielle (4,5%) et de l’exercice 2012 (3,7%). Les blocages politiques, la dégradation de la situation sécuritaire, la fragilité du contexte social, la stagnation de la zone euro (premier client et premier fournisseur du pays) et une production agricole en recul de 3,3 % expliquent ce ralentissement. Les prévisions pour l’année 2014 sont de l’ordre de 3,3%, un taux qui repose sur un développement soutenu des industries manufacturières et des services, mais plus modéré du secteur agricole. Pour ce qui est de la demande intérieure, une hausse de l’ordre de 5% de la consommation et des investissements est envisagée.

Au plan politique, la crise a été exacerbée par l’assassinat de deux hommes politiques tunisiens en février et juillet 2013, affectant du même coup la croissance économique et la confiance des bailleurs et des investisseurs. Cela a déclenché une crise politique qui a abouti, fin janvier 2014, à la formation d’un nouveau gouvernement de transition composé d’indépendants et de techniciens. Les lenteurs du processus de transition politique ont engendré un retard du versement de l’aide du FMI, et les finances publiques se sont dégradées. L’état d’urgence en vigueur dans le pays depuis la révolution de janvier 2011 a finalement été levé en mars 2014.

Au plan financier, le déficit est passé de 1% du PIB en 2010 à 5,9% en 2013. L’endettement public s’est creusé (49%) et les réserves financières se sont quasiment épuisées. En raison de coupes dans les dépenses courantes et les subventions, le déficit budgétaire pourrait légèrement se stabiliser en 2014, mais une discontinuité de la politique fiscale est possible du fait d’une succession de différents gouvernements au cours de l’année. Le pays a obtenu, depuis le G8 de 2011, un soutien financier d’institutions bilatérales et multilatérales pour couvrir ses déficits publics et extérieurs. Des prêts de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement doivent être reconduits à cet effet. S’y ajoutent ceux de la BEI et de l’AFD auxquels Tunis voudrait ajouter des fonds islamiques. En outre, le FMI a accordé en juin 2013 un prêt de 1,75 milliard USD sur deux ans au pays. Ces organismes demandent, en contrepartie, une accélération des réformes économiques. L’ensemble de ces appuis permettront une légère progression des réserves de change, dont le niveau (de l’ordre de quatre mois d’importations) restera cependant très inférieur à la moyenne des pays émergents.

Au plan commercial, la Tunisie est historiquement bien intégrée dans les chaînes de valeur mondiales (CVM), notamment dans trois secteurs industriels : le textile-habillement, l’industrie agroalimentaire, et les industries mécaniques, électriques et électroniques. Ce dernier secteur a connu l’évolution la plus marquée grâce au développement des branches de composants automobiles et aéronautiques, et ses exportations ont progressé de 18% en moyenne et par an entre 2000 et 2012. Les trois secteurs clés de l’industrie tunisienne représentent 75% des entreprises exportatrices et ils concentrent plus de 65% des emplois industriels.

De nouvelles activités, comme les technologies de l’information et de communication et l’externalisation se sont récemment développées, mais leur intégration dans les CVM se limite à des maillons de sous-traitance à faible valeur ajoutée, et elles restent géographiquement concentrées sur les zones littorales. L’intégration de la Tunisie dans les CVM est stimulée par les accords de libre-échange avec l’Union européenne, mais elle est handicapée par divers obstacles en matière de politiques commerciales et d’investissement, d’environnement des affaires, de logistique, de transports, de déséquilibres régionaux et de transferts de technologie. En 2014, la Tunisie occupe la 51e place au classement Doing Business in Africa, contrairement à 2013 où elle occupait la 49e place, soit une variation de -2 places.

Principal conseil : après le printemps arabe et les efforts de stabilisation politique, le pays doit impérativement créer des emplois et assurer une meilleure répartition sociale des richesses.

(Knowdys Database, avec Coface, Perspective économique en Afrique et la Banque Mondiale)