Union Africaine : l’Afrique du Sud impose son leadership

Après de longs mois de tractations, l’Afrique du Sud a finalement imposé son candidat, Mme Dlamini-Zuma, à la présidence de la Commission de l’Union africaine le 15 juillet 2012. Pays émergent parmi les cinq plus grands de la planète, l’Afrique du Sud entend assumer son leadership de manière absolument décomplexée.

Ancienne chef de la diplomatie sud-africaine, l’ex-épouse du président Jacob Zuma devient la première femme mais aussi le premier responsable anglophone à occuper ce poste stratégique, à l’issue d’une bataille sans précédent.

La « Dame de fer » de Pretoria a poussé vers la sortie le précédent président de la Commission, Jean Ping, 69 ans, qui était candidat à sa succession, après six mois de lutte en coulisses et quatre nouveaux tours de scrutins dimanche à Addis Abeba.

Nkosazana Dlamini-Zuma, 63 ans, a arraché les voix de 37 délégations, soit trois de plus que la majorité requise des deux-tiers, après avoir devancé M. Ping lors des trois précédents tours.

Elle a ainsi renversé le rapport de forces d’un précédent sommet de l’UA en janvier dernier, qui n’avait pas réussi à départager les deux adversaires, mais qui avait placé M. Ping en tête.

« Il n’y a pas eu de perdant ni de gagnant. C’est l’Afrique toute entière qui a gagné », a insisté le président béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’UA pour un an. M. Ping a reconnu sa défaite et s’est dit « prêt à coopérer avec (Mme Dlamini-Zuma) pour l’unité du continent ».

Mais la bataille a bel et bien opposé les Afriques anglophone et francophone, accru les rivalités entre les géants sud-africain et nigérian, et inquiété nombre de petits pays devant une possible mainmise sud-africaine sur l’organisation.

« L’Afrique du Sud ne va pas déménager à Addis pour venir diriger l’Union africaine », a assuré à ce sujet Mme Dlamini-Zuma.

Le sommet de l’UA avait auparavant enregistré un « accord de principe » entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) pour déployer à leur frontière et dans l’est de la RDC une force internationale chargée de neutraliser les rebelles qui combattent l’armée congolaise sur son sol.

Cet accord a été obtenu à l’issue d’un tête-à-tête entre les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame, a indiqué ce dernier à l’AFP, le premier depuis le début de la crise.

L’ONU a accusé le Rwanda de soutenir les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), ce que Kigali dément. Ces soldats mutins ont retourné leurs armes ces derniers mois contre les forces régulières de RDC, auxquelles ils avaient été intégrés dans le cadre d’un accord de paix avec Kinshasa signé le 23 mars 2009, et ils ont conquis depuis plusieurs localités.

« Nous avons accepté le principe de demander à d’autres de nous aider, mais les détails (…) seront pour plus tard », a déclaré Paul Kagame, interrogé sur cette force à l’issue d’un sommet de l’organisation régionale de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) tenu en marge du sommet de l’Union africaine.

Un nouveau sommet de la CIRGL convoqué les 6 et 7 août 2012 à Kampala doit préciser la composition de cette force, et ses relations avec la mission de l’ONU, qui déploie déjà en RDC 17.000 soldats.

Poignée de mains Kiir-Béchir

Il s’agit de la deuxième avancée enregistrée au sommet semestriel de l’UA, qui avait vu auparavant, de façon plus symbolique, les présidents du Soudan du Sud et du Soudan se rencontrer et se serrer la main pour la première fois depuis que des combats frontaliers avaient mis leurs pays au bord d’une guerre ouverte en mars et avril derniers.

Salva Kiir et Omar el-Béchir se sont rencontrés samedi soir dans un hôtel de la capitale éthiopienne, sans qu’on connaisse la teneur de leurs discussions, et ils ont suscité les applaudissements de leurs pairs en se saluant chaleureusement dimanche matin à l’ouverture des débats du sommet.

La crise au Mali, qui menace, elle, de déstabiliser l’Afrique de l’Ouest, a été évoquée samedi 14 juillet lors d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, l’instance consacrée à la prévention des crises sur le continent.

Le CPS a enjoint les autorités maliennes d’accélérer le processus de transition politique consécutif au coup d’Etat militaire de mars, pour présenter un front uni face aux rébellions, principalement islamistes, ayant conquis le nord du pays.

« L’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali ne peuvent faire l’objet d’aucune discussion ou négociation », a prévenu le CPS, soulignant la « détermination de l’Afrique de n’épargner aucun effort pour leur préservation ».

(Avec AFP)