A quelle hauteur l’Afrique lève les fonds issus de la finance islamique

[Africa Diligence] « L’insuffisance d’infrastructures freine la croissance économique de l’Afrique de 2 % chaque année et limite la productivité des entreprises jusqu’à 40 % », estime-t-on chez Knowdys. D’ici 2020, l’Afrique a besoin de 93 milliards USD par an pour avoir des infrastructures à niveau. Les Sukuks apparaissent comme une solution inattendue.

Le Sukuk est un produit obligataire adossé à un actif permettant de rémunérer le placement sans recourir au principe de l’intérêt. Il est à la finance islamique ce que les Asset backed Securities sont à la finance classique. Son échéance est fixée d’avance.

La finance islamique repose sur cinq principes fondateurs que sont : l’interdiction de l’intérêt, le rejet des actifs illicites, la prohibition de l’incertitude, le partage des gains et des risques et, enfin, l’adossement à des biens tangibles identifiables. Elle présente de nombreux avantages pour les économies en mal de liquidités, et pour les pays africains en particulier, d’autant que la moitié de leur population est musulmane, ce qui n’est pas un facteur négligeable.

Les Etats africains se trouvent ainsi à lever plus facilement les fonds auprès d’institutions islamiques du Golfe, notamment, en veillant simplement à ce que leurs projets soient « charia compatibles ».  C’est ainsi que le Sénégal a levé près de 160 millions USD en juin 2014, et le double deux ans plus tard. La Côte d’Ivoire qui a déjà levé près de 310 millions USD vise 50 milliards d’ici 2020 pour consolider ses infrastructures industrielles.

Pour leur part, la Tunisie projette de lever prochainement un milliard de dinars tunisiens en Sukuks, le Niger 250 milliards USD, le Nigéria 10 milliards USD. Au total, l’encours des Sukuks émis entre 2014 et 2016 a franchi la barre psychologique des deux milliards USD.

Les institutions non étatiques ne sont pas en reste. L’exemple le plus cité au premier trimestre de l’année en cours est l’Africa Finance Corporation. L’institution a réussi le tour de force de lever près de 150 millions USD en janvier 2017. Conséquences, parmi d’autres, La BCEAO (Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest) a promis d’encadrer, avant 2018, les émissions de Sukuks, et plus globalement l’ensemble des activités liées à la finance islamique.

Parmi les dénominateurs communs des pays africains les plus performants dans la levée des fonds issus de la finance islamique : la consultation de cabinets d’intelligence économique capables d’identifier les sources de financement dès leur apparition, de cartographier et de profiler les décideurs des bailleurs de fonds, de monter et de suivre les dossiers dans les normes.

La Rédaction (avec Knowdys Database)

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