Botswana : une économie dépendante du secteur minier ?

(Africa Diligence) Bien que confronté à d’importants problèmes découlant de sa structure économique étroite et de sa dépendance vis-à-vis du secteur minier, le Botswana s’affiche aujourd’hui comme un modèle de réussite en matière de développement. Il se démarque en Afrique par le dynamisme de son économie et sa stabilité politique. Pour les conseils en intelligence économique d’Africa Diligence, le Botswana est un exemple à suivre sur le continent africain.

L’économie du pays est particulièrement dépendante du secteur minier, qui représente près de 80% de ses exportations et 30% du PIB. Ce qui la rend vulnérable aux chocs extérieurs. Le secteur public est prédominant dans l’économie. Il représente 40% des emplois formels. Les distorsions engendrées par cette prépondérance freinent l’émergence du secteur privé. Le gouvernement a ainsi entrepris une privatisation et une diversification de l’économie, notamment via les programmes NPD 10 et EDD.

L’inflation demeure importante en raison de la hausse du prix des matières premières importées par le pays. Elle est cependant baissière en 2013 (5.8%). Pour renforcer le tourisme (qui représente 12% du PIB), l’interdiction de la chasse au grand gibier a été levée. Le Botswana reste fortement dépendant de l’importation énergétique et alimentaire.

Le gouvernement a lancé pour l’exercice budgétaire 2013-2014, un programme de consolidation fiscale visant notamment la réduction des dépenses improductives et la maîtrise de l’augmentation des salaires dans la fonction publique. Les dépenses en salaires, transferts et subventions (qui représentaient 53.4% des dépenses totales lors de l’exercice 2012-2013) verront ainsi leur part fortement réduite. Cet assainissement des comptes publics devrait permettre au Botswana de dégager un excédent budgétaire en nette progression. Dans ce contexte, la dette publique restera sur une tendance baissière.

Un programme de relance budgétaire soutenue par la Banque africaine de développement et de la Banque mondiale a été lancé. Dans le cadre d’une politique de diversification économique, le Botswana veut développer les services, via la création de « hubs » dans la santé, l’éducation, l’innovation, les services financiers et le tourisme, grâce auxquels le pays entend renforcer l’intégration régionale.

La balance commerciale du pays est restée déficitaire en 2013. Le ralentissement des exportations de diamants et l’augmentation des importations d’électricité, le pays ne produisant que 20% de ses besoins, sont les principales raisons de cette tendance. Toutefois, grâce à l’augmentation des transferts officiels, et notamment des revenus substantiels de l’Union Douanière d’Afrique Australe (SACU), le déficit du compte courant s’est partiellement résorbé. La position extérieure du Botswana est donc favorable, les réserves officielles couvrant 11 mois d’importations de biens. Néanmoins, elle reste dangereusement dépendante des exportations de diamant et des revenus de la SACU. En 2014, le déficit courant continuera de se résorber. Le rebond des exportations de diamants, couplé au frein à l’endettement des ménages et à l’entrée en activité de la centrale électrique Morupule B, entraînant un ralentissement des importations énergétiques réduiront le déficit commercial du pays.

La situation politique est relativement stable au Botswana. L’actuel président de la République et chef du gouvernement, Ian Khama, ne souffre pas de réelle contestation et devrait donc se maintenir au pouvoir jusqu’aux élections législatives d’octobre 2014. Le Botswana Congress Party (BCP) et l’Umbrella for Democratic Change (UDC) formé en novembre 2012 suite à la coalition de trois partis d’opposition, peinent en effet à fédérer. La persistance de fortes inégalités, d’un chômage important (17.5% en 2012) et d’un taux de pauvreté supérieur à 20%, sont néanmoins susceptibles de devenir sources de tension

Bien qu’il soit un pays à revenu intermédiaire, le Botswana est confronté à d’importants problèmes découlant de sa structure économique étroite et de sa dépendance excessive vis-à-vis du secteur minier en général et des diamants en particulier. L’Etat est réputé pour sa gestion prudente des recettes minières, il a fait ses preuves en matière de gouvernance et de stabilité de la démocratie. Cependant, la diversification de l’économie demeure essentielle.

(Knowdys Database, Avec la Banque mondiale, le FMI, CIA et Coface)