Côte d’Ivoire : devenir une économie émergente à l’horizon 2020

(Africa Diligence) La Côte d’Ivoire poursuit sa reprise, avec une croissance vigoureuse estimée à 8.8 % en 2013, contre 9.8 % en 2012. Un effet de rattrapage progressif est à l’œuvre depuis la fin de la crise postélectorale de 2010-2011, grâce aux grands travaux publics et à la reprise des investissements privés. Pour les conseils en intelligence économique d’Africa Diligence, des défis structurels demeurent, pour rendre cette croissance inclusive et durable.

Les perspectives de la Côte d’Ivoire s’avèrent assez prometteuses. La politique de relance par les grands travaux s’est soldée par une croissance estimée à 8.8% en 2013. Elle devrait se maintenir à 9% en moyenne en 2014 et 2015, grâce à la poursuite des réformes sociales et l’amélioration du climat des affaires. La bonne mobilisation des ressources internes et externes jouera aussi, de même que la stabilité sociale et politique.

La situation budgétaire s’est nettement améliorée en 2013, après une dégradation en 2011 et 2012. Les recettes ont progressé, grâce à la réorganisation des services fiscaux. Les dépenses se sont stabilisées en pourcentage du PIB, même si elles reflètent encore le poids de la reconstruction et des actions visant à renforcer la cohésion nationale, comme le recrutement des ex-combattants et des enseignants.

Le gouvernement ivoirien a fait de l’amélioration du climat des affaires sa priorité. Selon le rapport Doing Business 2014, la Côte d’Ivoire est l’un des pays qui a mis en œuvre le plus de réformes au cours de la période 2012-2013, afin d’améliorer l’environnement des affaires (+64 places en ce qui concerne l’indicateur création d’entreprise, +25 places en matière de transfert de propriété et +39 places pour ce qui est de l’exécution des contrats). Au classement général, la Côte d’Ivoire a gagné 6 places en 2014 (167e) par rapport à 2013 (173e).

Entre le 29 et le 31 janvier 2014, Abidjan a accueilli le forum « Investir en Côte d’Ivoire » (ICI 2014), conférence réunissant environ 2000 participants (entrepreneurs, hommes d’affaires, représentants des pouvoirs publics et partenaires au développement). L’objectif de ce forum était de mobiliser le secteur privé pour soutenir la relance économique du pays, redonner confiance aux investisseurs en partageant avec eux la vision du développement de la Côte d’Ivoire pour les années à venir.

Ces bonnes perspectives ne doivent pas occulter l’ampleur des défis à relever. Le PIB par habitant reste en effet très inférieur à son niveau de 2000. La première priorité consiste à rendre la croissance durable et inclusive, pour qu’elle réponde aux besoins pressants d’une population jeune et en quête d’emploi. La compétitivité du pays reste à améliorer. Les contraintes sont connues : l’administration routière et les procédures douanières s’avèrent peu fluides et la fiscalité très complexe (62 dossiers d’impôts face à 36 en moyenne en Afrique, selon le rapport Paying Taxes 2014). La main-d’œuvre reste peu adaptée aux besoins des entreprises, tandis que le secteur financier, en surliquidité, se montre peu actif dans l’accès au financement des PME. Des actions coordonnées entre le gouvernement et les différents acteurs économiques seront nécessaires pour éviter de nouvelles poussées inflationnistes, surtout sur les produits alimentaires.

La normalisation politique se poursuit depuis la fin de la crise postélectorale de 2010-2011, même si le double défi de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale reste dans une certaine mesure à relever. Un dialogue républicain avec l’opposition a été engagé par les autorités, accompagné par des mesures de réconciliation. De nombreuses rencontres à un haut niveau entre l’opposition et le gouvernement se sont tenues au début de l’année 2014. Les initiatives visant à promouvoir la sécurité nationale, le désarmement et à protéger le droit à la propriété méritent d’être renforcées.

Selon Jeune Afrique, l’emprunt obligataire 2014-2022 que l’Etat de Côte d’ivoire a lancé le 28 avril 2014 n’a récolté que 61 milliards de FCFA sur les 120 milliards escomptés, soit à peine plus de la moitié du montant sollicité et ce, en dépit d’un taux d’intérêt annuel fixe très avantageux (6,5% sur 8 ans). Une contre-performance due, selon les analystes, à la forte pression exercée par Abidjan sur le marché financier sous-régional.

En ce qui concerne les chaînes de valeur mondiales (CVM), elles offrent des perspectives de croissance intéressantes pour la Côte d’Ivoire. Le pays dispose en effet, d’un potentiel important en ressources naturelles et humaines, sans oublier la qualité relative de ses infrastructures, à l’échelle de la sous-région. Des opportunités d’industrialisation restent à exploiter dans les chaînes de valeur à fort potentiel régional. Dans ce cadre, des politiques ciblées s’avèrent nécessaires pour amener les petites et moyennes entreprises (PME) à jouer un rôle clé. Il s’agit de résoudre leurs problèmes de financement et de capacité de gestion. Les capacités des PME doivent donc être renforcées, notamment dans l’agro-industrie, pour tirer un meilleur parti des CVM et régionales.

(Knowdys Database, avec Perspectives économiques en Afrique et Banque mondiale)