Côte d’Ivoire : dynamisme du secteur bancaire

(Africa Diligence) Malgré les crises successives traversées par la Côte d’Ivoire, elle est classée première économie de l’UEMOA et son secteur bancaire est l’un des plus importants de la sous-région. Toutefois, les spécialistes en intelligence économique d’Africa Diligence considèrent que de nombreux défis restent à relever dans ce secteur.

Au 31 décembre 2012, le volume total des ressources des banques ivoiriennes était estimé à 4 037,7 milliards de Fcfa, contre 3 693,8 milliards l’année précédente. Soit une croissance de 10%. Une tendance qui s’est confirmée en 2013, démontrant ainsi le dynamisme qu’affiche le secteur bancaire ivoirien. En date du 30 mai 2013, le réseau bancaire global comptait environ 650 agences, avec la présence de 25 institutions bancaires opérationnelles. Et les résultats financiers affichés de part et d’autre attestent que les banquiers continuent d’engranger des ressources énormes pour leur développement.

Au classement général, la Société générale des banques de Côte d’Ivoire (SGBCI) conserve son leadership, avec son réseau fort de 67 agences, dont 45 à Abidjan et 22 en provinces, même si ses performances ont quelque peu baissé au cours des deux dernières années. Au 31 décembre 2012, la SGBCI présentait un montant total des ressources à 666,92 milliards de Fcfa, représentant près de 16,5% du potentiel national.

Derrière elle, Ecobank, avec ses ressources de 571,8 milliards de Fcfa se positionne comme un challenger de taille. Et les responsables de cette institution bancaire se disent prêts à prendre le contrôle du marché local d’ici quelques années. Aussi, la dernière crise sociale qu’a traversée la SGBCI est venue un peu fragiliser les bases de cette banque cinquantenaire. Ces deux titans se livrent une rude bataille pour le contrôle du marché bancaire ivoirien, fort de 25 banques locales et étrangères.

Un marché hautement concurrentiel

Le dynamisme du marché ivoirien n’est pas le fait de ces deux ténors uniquement. Des institutions bancaires comme la Banque internationale de l’Afrique occidentale (BIAO-CI) devenue N’SIA Bank ; la Banque atlantique de Côte d’Ivoire (BACI) ; la Banque internationale pour le commerce et l’industrie de Côte d’Ivoire (BICICI) et la Société ivoirienne de banque (SIB) détenue par le groupe marocain Attijariwafa Bank, présentent des performances remarquables. En 2014, l’on a assisté à l’ouverture de nouvelles agences, des nouveaux produits, des politiques de proximité pour capter l’attention d’une clientèle devenue très exigeante. Toutes ces banques se sont hissées dans l’ère du numérique, avec des cartes bancaires proposées à presque tous les clients. De même, ces banquiers ont rebâti leurs politiques sur les terminaux de paiements électroniques (TPE). Un dispositif qui rapproche les banques de leurs cibles et contribue à accroître l’engouement des populations.

Présentement, l’on compte près de 600 guichets monétiques sur l’étendue du territoire national. La concurrence amène chaque entité à déployer des stratégies marketing et commerciales innovantes pour se maintenir dans la course. Il y a également le monde des affaires qui présente des opportunités énormes, ce qui se traduit par le fait que chaque banque parvient à tirer son épingle du jeu. En témoignent les institutions bancaires qui continuent de lorgner le marché ivoirien. De même, le processus de privatisation des banques publiques amène celles qui sont dans le privé à renforcer leurs bases. D’autres concurrents arrivent bientôt, avec certainement des stratégies nouvelles et des approches différentes. L’heure d’une concurrence accrue s’annonce.

L’accès au crédit demeure problématique

Selon une étude réalisée par l’Institut ivoirien de l’entreprise (INIE), 84,5% des entreprises affirment que leurs ennuis proviennent des difficultés d’accès au financement. Les banquiers ivoiriens, de leur côté, estiment qu’ils ne peuvent se permettre d’offrir des prêts tous azimuts. «Il faut des épargnes de long terme pour financer des prêts à longue échéance de remboursement», affirment-ils. Et la rigueur observée par les banques sur la gestion des risques n’est plus à démontrer. De plus, l’on remarque que le taux de bancarisation de 14,7% affiché en 2012 par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), ne concernerait que la moitié des établissements bancaires, les institutions de micro finance contribuant pour l’autre moitié à cette bancarisation. Il faut donc que les banques poussent plus loin leurs actions, de sorte que les populations se rapprochent davantage d’elles. Ce que les clients recherchent, ce sont des prêts pour booster leur activité. La plupart n’obtiennent pas satisfaction. Pourtant, cela est une exigence pour accroître le niveau des épargnes privées nationales, surtout à long terme, qui restent le vrai catalyseur de la relance économique. Ce sont elles qui permettent de financer l’économie tout entière.

En Côte d’Ivoire, le potentiel économique est énorme, mais les banques ne créent pas toujours les conditions pour les exploiter au mieux. Une chose saute aux yeux, le coût du crédit bancaire, qui est encore élevé pour l’ivoirien moyen. Actuellement, le taux de base bancaire (TBB) est autour de 9,5%, et cela amène les banquiers à pratiquer des taux d’intérêts sur les prêts octroyés dans l’ordre de 12 à 14%. Le crédit coûte encore trop cher en terre ivoirienne, comparativement à un pays comme la Tunisie où le TBB est autour de 6%. Avec l’avènement des bureaux de crédits, l’on peut être déjà optimiste. Ce sera l’occasion pour les nombreux porteurs de projets, des jeunes en majorité, d’avoir la chance de créer des emplois et de la richesse pour eux-mêmes et pour l’économie ivoirienne dans son ensemble. En attendant, les «business angels» ont fait leur apparition il y a deux ans de cela, et le mécanisme qu’ils proposent est appréciable pour booster les entreprises en phase de démarrage, ces fameuses start-up que les banquiers ont tant de mal à financer.

(Knowdys Database, avec Perspectives économiques en Afrique et Abidjan Net)