Côte d’Ivoire : rendre la croissance économique inclusive et durable

(Africa Diligence) Malgré une décennie de crise, la Côte d’Ivoire continue de faire figure de puissance régionale. Aujourd’hui, l’expansion se poursuit grâce à la hausse des investissements. Pour les experts en intelligence économique d’Africa Diligence, la présence de gisements de pétrole sur le territoire ivoirien, en plus de ses richesses minières, est un avantage qui lui permettrait d’accroître ses investissements à l’étranger et son taux d’exportation.

La croissance est dynamique depuis 2012 (on a enregistré un taux de 9.8%). Bien qu’en légère baisse, la croissance se poursuit en 2013 (8.8%), grâce au retour de la stabilité politique. Elle devrait se poursuivre en 2014, avec une prévision de 9.1%. Ce rebond est porté par les investissements réalisés dans les infrastructures (notamment en matière de transport avec l’autoroute reliant Abidjan et Yamoussoukro et le chantier énorme du troisième pont d’Abidjan), et par le secteur des télécommunications. L’activité devrait se maintenir à un niveau élevé, toujours soutenue par les dépenses publiques d’infrastructures, l’investissement privé et la consommation des ménages. L’inflation a été plutôt contenue en 2012 (1.3%) par rapport à 2013 (2.6%).

L’agriculture devrait tirer profit de la réforme de la filière café-cacao initiée en 2012. La production pétrolière devrait continuer à croître avec l’ouverture de nouveaux puits (la fin des travaux de maintenance a permis son redressement en 2013). La construction de plusieurs centrales thermiques favorise le développement de la capacité de production électrique (à moyen terme, la construction du barrage hydroélectrique de Soubré devrait également y contribuer). La production aurifère devrait bénéficier de la mise en exploitation de la mine d’or d’Agbaou. Enfin, l’activité dans le secteur tertiaire devrait poursuivre sur sa lancée, du fait notamment du développement du secteur des télécommunications.

Le décollage économique de la Côte d’Ivoire restera également tributaire d’efforts d’investissements à déployer dans le domaine de la formation, du développement du secteur financier, de la diminution des inégalités sociales et d’une stabilisation durable de la situation politique et sécuritaire.

Le rebond de l’activité économique s’est accompagné d’une flambée des importations, notamment de biens d’équipement, ce qui a entraîné la réapparition d’un déficit courant. Cependant, le financement de ce dernier ne devrait pas poser de problèmes majeurs grâce à un flux croissants d’investissements directs étrangers et aux prêts des institutions financières internationales et des créanciers bilatéraux.

Les résultats budgétaires se sont améliorés en grande partie grâce à la forte reprise de l’activité, qui s’est traduite par une augmentation des recettes de l’Etat. La baisse des subventions au secteur énergétique, une amélioration de la collecte de la TVA et des recettes douanières devraient permettre de continuer à compenser la montée en flèche des dépenses d’équipement. La Côte d’Ivoire bénéficie du soutien du FMI et continue à normaliser ses relations avec les créanciers publics après avoir atteint, en juin 2012, le point d’achèvement de l’initiative PPTE renforcée. Ce qui a ouvert la voie à un allègement important de la dette publique extérieure. Les relations ont également été renouées avec les créanciers privés, grâce à la reprise des paiements d’intérêts sur les euro-obligations.

Depuis la fin de la crise postélectorale (décembre 2010 – avril 2011), deux élections se sont tenues, signe du processus de normalisation politique. Les élections législatives de décembre 2011 et les élections municipales et régionales d’avril. Les accrochages avec les milices pro-Gbagbo se font moins nombreuses, mais subsiste une insécurité diffuse dans de nombreuses régions du pays (coupeurs de route, conflits fonciers notamment), favorisée par le nombre élevé d’armes en circulation. Le problème de la démobilisation et de la réinsertion des anciens combattants, y compris des anciens miliciens pro-Ouattara, est loin d’être réglé. Cependant, le dialogue avec l’ancien parti au pouvoir a repris et l’insécurité n’a pas, jusqu’ici, entravé le renouveau économique du pays.

L’économie ivoirienne dépend largement de facteurs exogènes, tels que les conditions climatiques et le prix des matières premières sur le marché international. Les comptes publics s’améliorent et le pays a obtenu une annulation de dette supplémentaire mais la corruption freine l’arrivée massive de capitaux étrangers.

Le calme et la sécurité sont de retour en 2014, et cette stabilité retrouvée a permis notamment le retour de la Banque Africaine de Développement à Abidjan après 10 années de délocalisation à Tunis. La Côte d’Ivoire a su se sortir de la crise de 2011, et doit maintenant se stabiliser afin d’atteindre le statut de pays émergent en 2020.

(Knowdys Database, avec la Banque mondiale, le FMI et Coface)