Stratégie: pourquoi les miniers préfèrent l’Afrique

(Africa Diligence) Dans un rapport sur l’évolution du secteur minier, EY montre que le continent a la cote auprès des investisseurs. Sur les 12 plus grandes levées de fonds de l’année 2012 à la bourse de Londres, 8 concernaient l’Afrique.

Le rapport sur l’évolution du secteur minier, réalisé par le cabinet EY et paru le 12 décembre, montre que le continent a la cote auprès des investisseurs. L’Afrique s’est notamment taillé la part du lion des levées de fonds des compagnies junior, qui mènent les premières phases de l’exploration minière. En effet sur les 12 plus grandes levées de fonds de l’année 2012 à la bourse de Londres, 8 concernaient l’Afrique.

Selon le cabinet d’audit et de conseil, les économies à fort taux de croissance – Afrique, Chine et Océanie – pèsent actuellement 60% des dépenses d’exploration des compagnies minières, quand elles n’en représentaient que 40% début 2010. À l’instar de l’Amérique latine et de la Chine, deux régions également en plein boom minier, l’Afrique a vu en 2012 sa part dans les projets augmenter de 75% en valeur par rapport à 2011, une tendance qui se poursuit en 2013.

Économies émergentes

Selon Mike Elliott, responsable « mines et métaux » chez EY, « les juniors sont actuellement sous-évaluées en bourse et ont besoin de trésorerie ». Une situation qui ouvre la voie à une série de rachats. « Même si les grandes multinationales du secteur restent prudentes en matière d’investissements, il y a, pour des projets miniers situés dans les économies émergentes, un intérêt évident des capitaux privés », estime-t-il.

Selon le cabinet, en dépit d’une forte volatilité des cours des matières premières, les prix du fer, de l’acier, du charbon et du cuivre progressent légèrement depuis la fin de l’année 2012, même si les coûts d’exploitation et les taxes ont également augmenté.

Risques

Les investisseurs vont donc continuer à investir en 2014, mais ils risquent de se montrer particulièrement sélectifs dans un contexte boursier rétif au risque politique. En Afrique, d’après le document d’Ernst & Young, les investisseurs sont notamment attentifs aux dangers d’une nationalisation de leurs actifs ou de changements contractuels abrupts, notamment en RD Congo, au Gabon, au Ghana, au Mozambique et en Tanzanie.

Autres points sensibles relevés par le cabinet pour l’Afrique, la pénurie de main d’œuvre qualifiée et la faiblesse des infrastructures de transport. Parmi les avantages majeurs du continent, outre les réserves faramineuses de son sous-sol, l’étude évoque la forte présence des acheteurs ainsi que des investisseurs chinois et indiens.

Le Botswana : un exemple

D’après EY, l’exemple africain à suivre est celui du Botswana, producteur de diamant où le groupe De Beers a installé un centre de taille et de commercialisation de tous ses diamants produits localement. La cabinet vante notamment « sa législation favorable aux investissements miniers, ses taxes et ses redevances peu élevées, sa stabilité politique et l’absence d’intervention de son gouvernement dans le secteur. »

(Avec Christophe Le Bec)