Centrafrique : l’économie n’a plus les moyens de sa politique

[Africa Diligence] Un nombre impressionnant de bailleurs de fonds, d’investisseurs internationaux et d’opérateurs économiques africains ont déserté la République centrafricaine au cours des 36 derniers mois. Ils l’ont quittée malgré son potentiel agricole, son uranium, son or et ses diamants. Plus vulnérable aux chocs externes, l’économie locale, travaillée par les groupes rebelles, n’a plus les moyens de sa politique.

De nombreux analystes avaient parié que l’arrivée des nouvelles autorités de transition, dès janvier 2014, apaiserait le climat dans le pays. Faux. L’élection de Catherine Samba-Panza à la magistrature suprême, la nomination d’un nouveau Premier ministre issu de la communauté musulmane et la formation d’un gouvernement de vaste concertation nationale ont créé de fissures insoupçonnées au sein de l’establishment politique, économique et militaire local.

Plusieurs politiques avaient annoncé trop rapidement la sécurisation du corridor routier reliant Bangui, la capitale, à la ville portuaire de Douala. La réalité du terrain est moins rassurante. Sous la violence croisée des groupes rebelles et des combattants de Boko Haram, l’agriculture, qui demeure le principal contributeur au PIB, continue de régresser. La main d’œuvre déplacée tarde à regagner sa base à cause d’une insécurité qui s’éternise, une plaie pour l’économie.

Les élections présidentielles et législatives prévues pour la fin 2015 apparaissent « hautement risquées » aux yeux des analystes de Knowdys. Le cabinet d’intelligence économique et de due diligence recommande à ses clients (hors secteurs d’urgence) d’attendre la fin du premier 2016 pour y voir plus clair. « Ceux des domaines de l’armement et toute la chaîne de valeur du charity business peuvent, en revanche, continuer à se frotter les mains », estime l’agence de conseil.

La République centrafricaine reste donc un marché prospère pour les industriels du risque (tels que les acteurs du security business) et de l’action humanitaire (à l’instar des agences onusiennes). L’envolée des demandes de profiling de dirigeants enregistrée chez Knowdys Consulting Group, dans cette direction, montrent l’intérêt porté à ce pays en crise. Face aux demandes récurrentes des multinationales, les batailles ne sont pas prêtes de s’estomper au sein de l’establishment local, estime encore le n°1 du conseil en intelligence stratégique en Afrique.

La reprise des appuis financiers étrangers, au titre d’aides budgétaires notamment, a certes permis au gouvernement de transition d’assurer les salaires des fonctionnaires, mais les finances publiques restent sous tension. La situation sociale n’est pas meilleure. Au moment où paraît ce billet, un tiers de la population centrafricaine demande une assistance humanitaire alors que 30% sont déjà affectés par l’insécurité alimentaire, selon les chiffres de Knowdys Database.

La Rédaction