Chine-Afrique: les Etats-Unis arrivent-ils trop tard ?

(Africa Diligence) La tournée africaine de Barack Obama est perçue par de nombreux observateurs comme une tentative des États-Unis de riposter à la percée économique chinoise en Afrique subsaharienne. Un défi loin d’être gagné pour la diplomatie américaine. Washington arrive-t-il trop tard?

La tournée africaine de Barack Obama, entamée jeudi 27 juin au Sénégal, marque t-elle le retour des États-Unis sur un continent noir de plus en plus sous influence chinoise ? La question est soulevée par de nombreux spécialistes de l’Afrique, qui soulignent la proximité de l’itinéraire du président américain avec celui de son homologue chinois il y a exactement trois mois.

« Force est de constater que la Tanzanie et l’Afrique du Sud faisaient partie du voyage officiel de Xi Jiping lors de sa première tournée en Afrique en mars dernier », affirme Virginie Herz, spécialiste de politique internationale à France 24.

« Depuis 2009, les deux présidents chinois qui se sont succédé ont visité plus de 30 pays en Afrique » rappelle-t-elle. Cette intense activité diplomatique a été doublée d’une pénétration économique sans précédent, la Chine raflant plusieurs contrats majeurs dans le domaine des infrastructures.

Out of Africa

Contrairement à sa visite éclair au Ghana en 2009 – qui avait duré 20 petites heures – le premier président afro-américain de l’Histoire a cette fois décidé de consacrer une bonne semaine de son agenda politique à l’Afrique subsaharienne. Après sa visite au musée de l’esclavage sur l’île de Gorée au Sénégal, le chef de l’État américain est attendu en Afrique du Sud ce week-end – où il se rendra sur l’île où Nelson Mandela avait été interné – avant de finir par la Tanzanie entre les 1er et 3 juillet.

Au-delà des symboles historiques, les destinations de Barack Obama tracent en filigrane la volonté d’encourager les pays africains engagés sur le chemin de la démocratie. Le choix du Sénégal pour sa première visite dans un pays d’Afrique francophone est à cet égard révélateur, la venue de Barack Obama couronnant la transition politique sénégalaise par les urnes, en mars 2012, au terme d’un scrutin particulièrement tendu.

« Barack Obama a choisi pour cette tournée africaine des pays qui se distinguent par leur bonne gouvernance dans un continent encore marqué par les putschs, les coups d’État, et les présidents qui s’accrochent au pouvoir », confirme l’analyste de France 24.

Rivalité commerciale sino-américaine

L’administration américaine est cependant bien consciente que c’est sur le plan économique que l’essentiel du duel sino-américain se jouera. Objectif : contrecarrer l’imposante domination commerciale chinoise sur le continent noir. Selon « Le Monde », le montant des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique subsaharienne aurait atteint 200 milliards de dollars en 2012, le double des échanges américano-africains.

« Il y a une importante rivalité sino-américaine et c’est pourquoi Barack Obama vient accompagné d’une importante délégation – on parle de plus de 500 personnes, dont une grande partie de chefs d’entreprises et d’investisseurs », souligne Virginie Herz.

Reste à voir si ce débarquement américain permettra de rattraper quatre années d’absence dans une Afrique subsaharienne où le désenchantement de la population à l’égard du premier président noir américain est à la hauteur des espoirs suscités par son arrivée à la Maison Blanche en 2008.

(Avec France 24)