Congo : vers une situation économique plus stable

[Africa Diligence] Le Congo Brazzaville fait partie du deuxième système forestier tropical mondial. Son pétrole et son ouverture sur le bassin du fleuve Congo, le 2ème en importance au monde, sont deux atouts considérables. Mais il faut diversifier. Avec le port autonome de Pointe-Noire, le pays est l’une des principales portes d’entrée sur l’Afrique centrale.

Au plan économique, l’activité devrait rester soutenue en 2014, portée notamment par le secteur non pétrolier et les secteurs du BTP. L’économie congolaise reste largement dominée par le secteur pétrolier qui représente 65% du PIB, 75% des recettes de l’Etat et 80% des exportations (le pays étant le cinquième producteur africain de pétrole). Les tensions inflationnistes, nées de la prise en charge des sinistrés et de l’effort de reconstruction suite à l’explosion d’un dépôt de munitions en 2012 à Brazzaville, devraient s’estomper. La hausse des prix devrait également tendre vers la norme de convergence de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (3%). Depuis une décennie, le PIB du Congo connait une forte croissance (3.8 en 2012 ; 3.4 en 2013 et 6.1 en 2014). Cette situation a été favorisée par le secteur pétrolier mais aussi par les activités forestières, les transports et les investissements publics.

Au plan financier, grâce aux niveaux élevés du prix du pétrole depuis l’annulation de dette obtenue en 2010 dans le cadre de l’initiative Pays Pauvre et Très Endetté (PPTE), la position extérieure du pays s’est consolidée. Le gouvernement épargne une partie de ses revenus pétroliers et accumule des actifs à l’étranger. Sa dette extérieure nette est ainsi devenue négative. Le pays affiche donc à l’heure actuelle un faible risque de surendettement malgré les crédits octroyés par la Chine. Cependant, de nombreux défis restent à relever. Un important décalage persiste entre la croissance du PIB et le maintien dans la pauvreté de près de la moitié des Congolais. Le pays reste vulnérable à la volatilité des cours du baril et doit faire face à une diminution graduelle de la rente pétrolière. La faiblesse de la gouvernance et un climat des affaires difficile entravent le développement du secteur privé et la croissance.

Au plan des réformes, des efforts sont réalisés par les autorités, comme la mise en place de règles visant à remédier au caractère pro cyclique de la politique budgétaire. Une accélération d’un programme de réformes, principalement dans les domaines de l’environnement, de l’investissement privé, du développement des compétences et des infrastructures et de gestion des finances publiques, est nécessaire pour relever les défis liés de la pauvreté et du chômage dans le pays.

Au plan stratégique, pour permettre au pays de consolider son économie et d’accroitre sa participation aux chaînes de valeur mondiales, le gouvernement, à travers son Plan national de développement (PND) 2012-2016, met l’accent sur : i) l’augmentation des investissements en infrastructures et le développement des compétences ; ii) l’amélioration du climat des affaires ; iii) la consolidation de l’accès des PME aux financements ; iv) la création des zones économiques spéciales (ZES) et v) le renforcement de l’intégration régionale.

Au plan politique, le Président Sassou N’Guesso (réélu pour un mandat de sept ans en juillet 2009) et le Parti congolais du travail continuent de dominer la scène politique du pays. Ce mandat devrait être le dernier de l’actuel chef de l’Etat, si la constitution n’est pas amendée. Son départ éventuel de la scène politique et l’instabilité qui pourrait en résulter constitue le principal risque du pays. En dépit des questions portant sur la légitimité du régime et des tensions sociales et intercommunautaires sous-jacentes, la situation demeure relativement calme. Les efforts d’ouverture en direction des partis politiques et de la société civile n’ont pas débouché sur des réformes significatives et le seul parti d’opposition représenté à l’Assemblée nationale a vu sa faible représentation diminuer encore aux élections législatives de 2012.

Au plan sous-régional, les relations entre Brazzaville et Kinshasa sont tendues depuis le lancement en avril 2014, d’une grande opération policière baptisée «Mbata ya bakolo» (la gifle des aînés, en lingala). Officiellement, cette opération est destinée à combattre une recrudescence du banditisme imputée aux étrangers. Désormais, Brazzaville exige le passeport aux ressortissants de RDC qui veulent traverser le fleuve, Kinshasa exigeant de son côté un visa.

Principal conseil : en dehors du pétrole qui est sa principale source d’exploitation, le pays devrait se tourner vers d’autres secteurs pour consolider son économie et attirer plus d’investisseurs.

(Knowdys Database, avec Coface, Perspective économique en Afrique et la Banque Mondiale)