Croissance: le Maghreb risque de payer cher son exposition à l’Europe

[Africa Diligence] En 2013, c’est encore la richesse du sous-sol qui fera la différence au Maghreb et au Moyen-Orient. Les producteurs de pétrole resteront protégés par les cours élevés du brut. Les autres, notamment les économies du Maghreb, très dépendantes du Vieux Continent, pourraient être touchés par le marasme européen.

Grâce à leurs secteurs pétroliers en plein redémarrage, l’Irak et la Libye vont devenir les nouveaux champions régionaux, avec près de 10 % de croissance en 2013. La Libye a retrouvé le niveau de production de l’ère Kadhafi, soit 1,6 million de barils par jour. L’Irak, qui envisage de produire quotidiennement de 6 à 7 millions de barils en 2020, est devenu le troisième exportateur de brut de la région (3,2 millions de barils par jour), juste devant l’Iran, pénalisé par les sanctions internationales.

Des économies trop dépendantes de l’Europe

« Mais, afin de se prévenir de la contagion du printemps arabe, les pétromonarchies vont devoir encore alourdir leur dépense publique pour acheter la paix sociale », explique Marc-Antoine Collard, économiste chargé des risques pays à la Société générale. Pour cela, une seule solution : faire rentrer des pétrodollars. Ainsi, les Emirats arabes unis ont aujourd’hui besoin d’un cours du baril de 80 dollars pour équilibrer leur budget, contre seulement 30 dollars en 2007.

Le Maghreb, qui réalise la majeure partie de ses exportations vers l’Europe, pâtira de la récession dans la zone euro. Le Maroc, dont la France et l’Espagne absorbent 40 % des exportations, a vu son déficit commercial atteindre 15 milliards de dirhams (1,35 milliard d’euros) au troisième trimestre 2012. Le trou dans les comptes publics pourrait, lui, représenter 6 % du PIB. Reste que la stabilité politique du pays et la forte demande interne continuent d’attirer les capitaux étrangers. Quant à la Tunisie, malgré le rebond des investissements étrangers, le secteur crucial du tourisme tourne au ralenti, et la croissance aura du mal à dépasser 2,5 %. Un niveau très insuffisant pour réduire un chômage des jeunes endémique.

(Avec  Thomas CHEMIN)