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Dangote challengé sur le marché du ciment au Togo

[Africa Diligence] Après le développement réussi des activités industrielles du Groupe Cim Métal, le PDG Inoussa Kanazoé s’attaque désormais au marché togolais. Il entend s’imposer dans un secteur dominé par l’imposante figure du magnat nigérian Aliko Dangote. La redistribution des cartes est en cours.

En septembre 2020, le discret patron burkinabè a démarré la commercialisation du ciment de la filiale togolaise de Cim Metal Group. On le savait présent au Burkina avec CimFaso et Cimasso, et en Côte d’Ivoire avec CimIvoire, mais Inoussa Kanazoé n’entend pas s’arrêter en si bon chemin.

L’implantation de l’usine de Lomé d’une capacité de 2,5 millions de tonnes de ciment, représentant un investissement de 65 milliards de francs CFA (125 millions de dollars) marque une nouvelle étape de l’homme d’affaires dans la fabrication de ciment et de produits de consommation (riz, sucre, huile, etc.), ce qui l’a aidé à faire sa première marque dans le secteur.  Le projet a été rendu possible grâce à la technologie du fabricant allemand Gebr. Pfeiffer.

Devenir un leader continental

La Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) a contribué à hauteur de 25 milliards de francs CFA à l’investissement au Togo. En quelques années seulement, Kanazoé est devenu un acteur de l’industrie cimentière ouest-africaine grâce à des investissements au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire estimés à plus de 200 milliards de francs CFA.

Sous la bannière de la Cimenterie de la Côte Ouest-Africaine (Cimco), ce nouvel investissement sur le marché togolais s’inscrit dans les ambitieux plans régionaux de Kanazoé. Il prévoit également de mobiliser 110 milliards de francs CFA dont 60 milliards seront consacrés à l’installation d’une nouvelle cimenterie à Bamako.

Cimco est en concurrence avec ses pairs de Lomé, à commencer par Cimtogo, filiale du groupe allemand Heidelberg Cement, la société indienne West African Cement (WACEM) et  surtout  le géant nigérian Dangote Cement.

«Nous sommes si petits, et pourtant nous nous heurtons à Dangote», explique un cadre du groupe Cim Métal, qui n’est pas très franc sur sa stratégie au Togo. Fort des acquis de son Plan National de Développement, le pays a su encourager de nouveaux investissements.

« Cela explique les démarches entreprises par des opérateurs économiques de premier plan à l’échelle continentale, comme Kanazoe, pour lancer la construction d’une unité à la pointe de la technologie à Lomé », explique Essam Daoud, président de l’Association des Cimentiers de Côte d’Ivoire ainsi que le chef de la Côte d’Ivoire.

Le Togo, terrain de jeu pour les cimentiers

Le projet du Groupe Cim Métal intervient alors que Dangote, accusé par ses concurrents Heidelberg et WACEM de sous-cotation des prix sur le marché togolais, a annoncé son intention d’investir dans une cimenterie dans le pays. L’usine a fait l’objet d’un accord d’investissement avec le gouvernement en novembre 2019.

Parallèlement à un mégaprojet de phosphate, le magnat nigérian Aliko Dangote injecte 60 millions de dollars dans une cimenterie de 1,5 million de tonnes à Lomé depuis l’année dernière. Sa production annuelle suffirait à répondre à la demande actuelle du marché local. L’usine sera approvisionnée en clinker – un ingrédient pour le ciment, dont Heidelberg est le seul producteur local – du Nigéria.

La société allemande Heidelberg, qui a dépensé 30 millions de dollars pour agrandir son usine de Lomé, est également au cœur d’un important plan de développement au Togo qui a débuté en 2017. Son usine de concassage et de conditionnement de 250 000 tonnes a été construite à Awandjelo, près de Kara, la principale ville du nord du pays, pour 7,5 milliards de francs CFA.

Le groupe a dépensé 250 millions de dollars pour une usine de clinker en 2014. D’une capacité de 1,5 million de tonnes, cette usine – l’un des plus gros investissements industriels jamais réalisés au Togo – est totalement intégrée. Il dispose de carrières de calcaire et d’argile pour fournir les matières premières pour le clinker.

Développer les synergies du groupe

Alors que la concurrence au Burkina Faso s’annonce rude en raison de la surproduction – environ 6,7 millions de tonnes sont produites par an, contre une demande d’environ 3 millions – le groupe Cim Métal devrait être en mesure d’exploiter les synergies entre ses unités pour maintenir la rentabilité «dans un contexte international défavorable suite à la hausse des prix des matières premières et du fret », selon un initié du secteur.

L’apparente reprise du secteur, qui a donné lieu à de nombreux investissements ces dernières années dans plusieurs pays de la région, est mise à l’épreuve par une surcapacité importante.

En Côte d’Ivoire, la situation est dramatique : il existe 12 usines opérationnelles qui ont la capacité de produire environ 15 millions de tonnes par an. Pour 2019, la demande ivoirienne était estimée à 5,5 millions de tonnes.

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La Rédaction (avec The Africa Report et MS)