De l’intelligence économique à l’intelligence compétitive

Comment réduire l’incertitude des managers, détecter les risques et opportunités du marché, prévoir l’entrée de nouveaux concurrents, trouver dans et en dehors de l’organisation l’information utile à la prise de décision, tirer profits des bonnes pratiques de la concurrence ou anticiper de nouvelles règlementations dans un secteur d’activité donné?

Ces questions -loin s’en faut- ne sont guère l’apanage des seuls opérateurs économiques. Elles ressortissent tout naturellement du management en situation concurrentielle et de la part croissante que prend l’information stratégique dans le capital du leadership moderne. Toute proportion gardée, elles interpellent aussi bien le directeur général de Total Gabon que Mispa C., P-dg d’une PME de commercialisation de produits bio en RCA, Brice M., président d’une ONG de développement au Congo Brazzaville ou Kadidja H., cette jeune Tchadienne de 29 ans récemment désignée pour booster le marketing stratégique d’une nouvelle église de réveil de 9700 âmes, après des études de commerce et de théologie aux Etats-Unis. Pour tous ces managers, il n’y a d’intelligence que si elle sert la compétitivité, de manière éthique et légale.

Pour apporter des réponses aux questions de ces décideurs Africains comme à ceux de Wall Street ou de la City, les experts de l’intelligence économique (version francophone) seront prompts à répondre présents. Et pour cause. Malgré la relative variété des secteurs d’activité sus-évoqués, la plupart dira être en mesure d’appliquer l’intelligence économique au management d’une PME, d’un territoire, d’une association humanitaire ou au sport… Traduction: ces experts seront en mesure de prendre de la distance, puis de sortir leur modèle en mètre ruban, de le tirer depuis le questionnement du client jusqu’au renseignement en passant par la collecte, le traitement, l’analyse des données pertinentes et leur conversion en devises décisionnelles sécurisées (à soumettre à la sagacité du manager).

Devant ce tableau, vous comprendrez que je ne digère plus la dictature de l’adjectif économique chez nombre de théoriciens et praticiens de l’intelligence compétitive au sein de l’espace francophone. Pareille obstination se justifierait-elle par le fait que les Anglosaxons ont franchi ce pas avant nous (Voir les subtilités entre Business intelligence et Competitive intelligence) et que le « mimétisme » n’est guère la part des orgueilleux ? Ou est-ce simplement parce que mes bons camarades ont quelque scrupule à tuer le maître ? Mystère.

Fille du Renseignement, l’intelligence économique est en tout état de cause un sous-ensemble de l’intelligence compétitive, comme peuvent l’attester nos trois managers centrafricaine, congolais et tchadienne rencontrés plus haut, chacun dans son secteur d’activité. Au final, me direz-vous, ce n’est pas plus qu’une question d’adjectif, cette affaire… -Bien vu! Et cela est suffisamment important pour s’en expliquer auprès du grand public. Non?

Guy Gweth