Découvrez l’incroyable potentiel économique ougandais

[Africa Diligence] Pays de l’Afrique de l’est, l’Ouganda connait depuis quelques temps une forte croissance de son économie. En effet, dans une récente étude, la prestigieuse université américaine classe l’Ouganda au deuxième rang des pays qui enregistreront la plus forte croissance économique au monde d’ici à 2026, derrière l’Inde.

Une surprise ? Pas pour tout le monde. « Il faut voir ce qu’était ce pays il y a cinq ans. Un immense village privé de tout à commencer d’électricité. Aujourd’hui, nous avons l’électricité, des routes, les entreprises s’installent et développent des activités… » dit Janardhan Naidu. Directeur de la raffinerie d’huile de palme du groupe agro-industriel Bidco installée à Jinja, il présente son usine comme « la plus grande d’Afrique ». Elle s’inscrit dans le cadre d’un projet plus vaste : un partenariat public-privé entre Bidco et l’État ougandais. Une première dans le pays…

L’huile de palme, le nouvel atout

Si l’huile de palme est décriée en Occident, ici, portée par la demande intérieure toujours grandissante, elle est perçue comme un accélérateur de développement. Et c’est une femme qui dirige l’expérimentation. Connie Magomu Masaba, directrice du Vegetable Oil Development Project 2 (VODP2), dirige un département dépendant du ministre de l’Agriculture ougandais. « Kalangala figurait parmi les localités les plus sous-développées de notre pays. Aujourd’hui, elle est dans le top 3 des régions les plus prospères. » Si Connie Magomu Masaba est aussi enthousiaste, c’est que le projet qu’elle porte affiche des résultats plus que convaincants. Elle en veut pour preuve les récentes statistiques sur le développement socio-économique de Bugala, l’île où le VODP2 a été expérimenté. « En 2000 le district de Kalangala a été classé 71e le plus pauvre de l’Ouganda, sur 76, par les Nations unies, rappelle-t-elle. Selon une étude que nous avons menée, il y a eu une amélioration générale des conditions de vie des habitants de l’île de Bugala entre 2002 et 2016. D’énormes changements ont été enregistrés dans les conditions de vie des populations. Ils sont devenus propriétaires, ont pu envoyer leurs enfants à l’école et, en même temps, avoir accès à des crédits. Ils n’avaient ni route ni électricité, sur place, la seule activité était la pêche. Depuis, il y a eu beaucoup de transformations. Grâce à l’huile de palme, les habitants ont accès à l’énergie solaire, disposent de routes, d’écoles et d’hôpitaux. L’économie se développe et crée des emplois. Le tourisme également ! Nous avons aujourd’hui 20 hôtels sur l’île… »

Plus de 7 000 hectares exploités par des agriculteurs locaux

Pour le constater, il faut se rendre sur l’île. Située dans le district de Kalangala, au nord-ouest du lac Victoria, Bugala est accessible via un ferry, gracieusement mis à la disposition de la population locale et des Kampalais qui ont pris habitude de se rendre à Kalangala, le temps d’un week-end. Une quarantaine de minutes plus tard, hommes, femmes, enfants, camions et des dizaines de motos se ruent sur le ponton. À une dizaine de kilomètres de l’embarcadère, la plantation de Bidco Africa. 3 400 hectares avec 1 800 fermiers qui travaillent chaque jour. Et plus de 7 000 hectares exploités par des agriculteurs locaux intégrés au projet et formés par des Malaisiens, Chinois, Singapouriens, des pays qui tentaient il y a plusieurs années déjà l’aventure palmière, venus transmettre leur savoir-faire. « Nous sommes pionniers dans le domaine, assure Damanic Saridin, directeur de la plantation Bidco. Nous avons une enveloppe de 413 000 dollars par mois pour l’ensemble des fermiers. Cela fait 1,5 milliard de shillings ougandais (328 000 euros, NDLR). Nous payons les fermiers en fonction de deux critères. Le premier tient compte de leur productivité ainsi que de la rentabilité de l’exploitation pour 60 % de terre en capacité de production sur les nouvelles plantations de 2015. Car il faut 4 ans pour que la terre soit complètement opérationnelle. Cet argent permet aux agriculteurs de payer leur foncier à l’État ougandais à qui ils avaient acheté le terrain auparavant. Nous achetons aussi les fertilisants des producteurs », poursuit-il. Fort de cette première expérimentation, jugée concluante, le VDOP2 a lancé la seconde phase. Avec le même partenaire, Bidco Africa, qui s’est vu confié une seconde île. Plus grande cette fois…

Le pétrole, l’autre atout en vue d’ici 2020

Si l’huile de palme, doit, selon les plans du gouvernement, mener à la croissance inclusive, l’État mise sur une autre huile pour booster l’économie nationale et financer ses infrastructures. Le pétrole. L’Ouganda s’apprête en effet à rejoindre le club des pays producteurs de pétrole en 2020. D’ici là, le gouvernement table sur une manne de 2,4 milliards de dollars par an sortis des champs pétroliers grâce à la découverte en 2016 de près de 6,5 milliards de barils de réserves, dont 1,4 directement exploitable. Déjà, la Banque africaine de développement annonçait en janvier dernier que, pour cette année 2018, la croissance ougandaise serait portée par l’or noir. Avec 5,9 % en 2018, la croissance qui se situait à 4,8 % en 2017 et 2,3 % en 2016, enregistre un bond causé par le développement de l’activité pétrolière, l’attribution de blocs pétroliers plus exactement à trois compagnies en l’occurrence Total, CNOOC et Tullow, et les flux d’investissements directs étrangers. Avec une attractivité accélérée par la réalisation de l’oléoduc qui transportera la production ougandaise vers le port tanzanien de Tanga, une infrastructure d’ une longueur de 445 km pour un coût de 3,5 milliards de dollars, les autorités attendent entre 15 et 20 milliards de dollars d’investissements dans le secteur pour les trois prochaines années. Routes, énergie, réseau ferroviaire, aéroports et une nouvelle compagnie aérienne… Soit près d’un milliard de dollars d’investissement public en 2018.

La Rédaction (avec Dounia Ben Mohamed)

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