L’Europe doit aider l’Afrique à vaincre le commerce d’ivoire

[Africa Diligence] Selon une estimation basse, 20.000 éléphants d’Afrique sont tués chaque année pour leur ivoire. Même si le marché chinois est en déclin, le commerce de « l’or blanc » demeure lucratif et passe en partie par l’Europe.

Les présidents du Botswana, Ian Khama, de l’Ouganda, Yoweri Museveni et du Gabon, Ali Bongo ont signé avec 29 autres pays du continent une pétition appelant, une nouvelle fois, l’Europe « à fermer son marché de l’ivoire ».

L’UE, « le plus grand exportateur au monde d’ivoire légal », a exporté « 1.258 défenses en 2014 et 2015, soit plus que lors des huit années précédentes », selon l’organisation Avaaz à l’origine de la pétition.

L’UE a depuis conseillé à ses pays membres de n’exporter que l’ivoire sculpté, plutôt que des défenses naturelles.

Mais ce commerce légal pourrait alimenter la demande en ivoire et servir à masquer ainsi son commerce illégal, a mis en garde Avaaz.

« Au rythme actuel, les éléphants qui vivent à l’état sauvage pourraient disparaître dans quelques décennies », selon le communiqué.

« Des responsables européens nous ont dit qu’ils ne pouvaient pas interdire l’ivoire parce qu’il n’y avait pas assez de responsables africains qui le souhaitaient », a déclaré Bert Wander, responsable des campagnes chez Avaaz.

« La vérité est que désormais il n’y en a plus un seul. Le reste du monde tourne le dos au trafic de l’ivoire. Pourquoi pas l’Europe ? »

Le continent africain ne compte plus que 415.000 éléphants, soit 111.000 de moins que lors de la dernière décennie, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Avec le durcissement des règles et des contrôles, les trafiquants se tournent désormais vers les tréfonds du web pour vendre l’ivoire braconné. « Sur Internet, la réglementation est absente. Tout le monde peut mettre en vente ou acheter de l’ivoire. Tous les sites et les plateformes en ligne ne surveillent pas ce qui est échangé », décrit Céline Sissler-Bienvenu. Si d’après la directrice de l’Ifaw, la plupart des sites reconnus — dont Ebay et le Bon Coin — respectent majoritairement la réglementation, un rapport publié par Interpol et l’Ifaw en juin 2017 démontre que les revendeurs d’espèces protégées utilisent aujourd’hui des forums privés ou le darknet, un espace qui échappe à de nombreux contrôles.

La Rédaction (avec AFP)