[Africa Diligence] L’Afrique est une terre d’opportunités comme l’histoire en a rarement connu. Pour y réussir, les entreprises françaises devront faire preuve de professionnalisme, comme elles le font dans les autres continents.
« Je considère que les opportunités sont immenses », a déclaré jeudi 08 mars 2018 à Reuters par téléphone, le président du Medef, Pierre Gattaz, suivant en cela le mot d’ordre d’Emmanuel Macron. « Ils vont passer d’un milliard d’individus à deux milliards en 2050. Rien que ce chiffre-là devrait nous faire prendre conscience des enjeux. »
Les groupes français ont selon lui décroché une douzaine de contrats pour investir dans l’agro-alimentaire, la santé, le logement et l’énergie au Kenya, dont les autorités disent qu’ils amèneront 10 milliards de dollars d’investissements.
Pierre Gattaz a refusé de dévoiler les noms des entreprises qui ont décroché des contrats, mais il a cité les groupes de BTP Vinci, de déchets et d’approvisionnement en eau Veolia, pétrolier Total, d’équipements électriques Schneider Electric, et Dassault Systems comme étant susceptibles d’apporter des solutions aux besoins du pays.
Il a souligné que la France était « tout à fait experte dans l’infrastructure, que ça soit le transport, les autoroutes, les trains et les équipements maritimes ».
« Nous sommes la première grande délégation de l’Europe à être sur place » après la réélection d’Uhuru Kenyatta, a dit Pierre Gattaz. « Ils ont élu un président pour cinq ans qui est visionnaire et pro-business, et qui en plus rayonne économiquement sur 130 millions d’Africains. »
Les obstacles africains
Un responsable français au sein de la délégation a précisé que le chiffre de 10 milliards de dollars incluait des investissements par des entreprises locales mais il s’agit d’un montant significatif pour la France en Afrique de l’Est, où elle est historiquement moins présente qu’à l’ouest du continent.
« Ce que nous essayons d’apporter, c’est un partenariat gagnant-gagnant soutenable sur le long terme qui est là pour créer de l’emploi local. C’est assez important pour la France, qui était assez connue pendant des décennies en l’Afrique de l’Ouest, et moins connue en Afrique de l’Est. »
Emmanuel Macron entend aussi modifier cet état de choses. Lors d’un déplacement en Afrique de l’Ouest en novembre, il a promis de construire des partenariats avec tout le continent.
Il a fait un arrêt au Ghana anglophone pour marquer sa volonté d’aller au-delà du pré carré francophone.
« Avec l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, les entreprises françaises ont retrouvé le goût de la conquête et de l’innovation », a estimé Pierre Gattaz.
Le développement des investissements européens reste un défi en Afrique, où la corruption et la bureaucratie restent des obstacles majeurs et où la chute des cours des matières premières a entraîné un ralentissement de la croissance.
Au Kenya, la vente de voitures neuves a fortement ralenti l’an dernier, au moment où PSA commençait à y assembler deux modèles.
L’Afrique est une terre d’opportunités comme l’histoire en a rarement connu. Mais ce continent est légitimement exigeant et ne se contente plus de bonnes intentions affichées, de proximité factice, de projets faciles ou immédiats. Être professionnel est, indispensable en Afrique comme ailleurs. Peut-être plus qu’ailleurs, les profits et les succès sont au rendez-vous pour les investisseurs sérieux qui savent traverser les embruns.
La Rédaction (avec Richard Lough)