Enquête sur les tweets des chefs d’Etats africains

Le président rwandais, Paul Kagamé, reste le meilleur twitteur des chefs d’Etats africains au premier semestre 2012. Viennent ensuite, dans l’ordre alphabétique, les présidents Biya Paul du Cameroun, Bongo Ali du Gabon, Gnassingbé Faure du Togo, Sall Macky du Sénégal et Zuma Jacob d’Afrique du Sud. Mais que tweetent les dirigeants subsahariens ?  A quel rythme ? Dans quel style ? Enquête.

Le dernier tweet posté par le président sud-africain Jacob Zuma date du mois de mars 2012, et c’était pour annoncer son arrivée à Kimberely (Nord-Ouest du Cap). En tout et tout, le président de la nation arc-en-ciel n’a posté que 87 tweets depuis qu’il a rejoint ce média social. A ce rythme, ses 118 579 abonnés risquent de se lasser.

C’est sans conteste Paul Kagamé (61 061 abonnés) qui est le chef d’Etat africain le plus habitué à Twitter. Dans la seule journée du 10 mai 2012, le président rwandais a posté cinq messages, commentant les résultats du forum d’Addis Abeba sur l’économie africaine. Le 1er mai, l’ancien rebelle a délivré un mini discours exaltant la valeur travail, » chemin qui mène vers la dignité ». Entre une petite pique à la Banque mondiale (16 avril), des félicitations à l’équipe zambienne de football, victorieuse de la CAN, le président rwandais partage sa vision de l’Afrique et de son pays sans passer par les canaux déformants des communicants.

Les spins doctors se laisseront-ils court-circuiter ainsi encore longtemps ? Pas tout à fait. Puisqu’à parcourir rapidement la page des supporters d’Ali Bongo, on remarque un encadrement serré du verbe. La communication sur le président est faite à la troisième personne dans le dernier tweet posté… le 14 août 2009, ce qui correspond dans l’échelle temporelle du web, à l’ère glaciale.

Autre chef d’Etat abonné, Macky Sall. La dernière fois que le président sénégalais a tweeté, c’était le 24 avril, bien avant son sacre : «Je félicite les lionceaux pour cette qualification aux jeux olympiques de Londres. Au nom de la Nation… ». Nul doute que Macky ne tweete pas comme Kagamé ou Zuma, mais bien entouré de ses conseillers. Or, tout l’intérêt des retombées d’un tweet est de faire sentir à ses «followers » (2952 dans le cas du président sénégalais) la spontanéité du message, échappé comme un cadeau du ciel du protocole et de la bureaucratie.

Inutile, dans ce florilège de présidents abonnés à Twitter, de chercher le capitaine Amadou Sanogo, sans doute occupé à se faire reconduire au pouvoir, ou encore Mohamed Abdel Aziz de Mauritanie, pourtant bon orateur.

Par contre, la page du président Paul Biya (673 abonnés et 57 tweets) est bien là, figée depuis le 18 octobre avec ce message solennel en français et en anglais : «ensemble, nous allons encore faire de grandes choses», adressé au peuple camerounais.

Même solennité guindée de la part du président Faure Gnassingbé, suivi par 1354 internautes, et qui a utilisé le «Je» pour la dernière fois le 22 septembre 2009, pour dire : «mon avion a atterri à 18 heures (22 heures GMT) à l’aéroport de Teteboro » dans le New Jersey.

Et si les chefs d’Etats africains allaient fraternellement effectuer des stages d’utilisation des médias sociaux sur les hauteurs de Kigali ?

(Avec Adama Wade)