Gabriel-Marcel Deutou : « Être à la tête du Cameroun est le moteur de mon ambition »

[Africa Diligence] Gabriel-Marcel Deutou est un surdiplômé. Titulaire d’un Bachelor en administration des affaires internationales de l’American Business School, d’un double MBA en finance et marketing de l’ESG Paris, d’un double MPA en gouvernance et politiques de développement, il est aussi docteur en relations internationales et diplomatie de HEIP. Enseignant et chercheur aujourd’hui, il rêve de diriger le Cameroun demain.

« J’ai tout d’abord effectué un Bachelor spécialisé en Administration des affaires internationales à l’American Business School (ABS Paris), puis j’ai travaillé comme responsable du développement commercial pour le compte de l’Office universitaire de presse pour le projet grandes-écoles région île-de-France » entame le jeune prodige Camerounais. À la suite de cette première expérience, Gabriel-Marcel Deutou intègre l’École Supérieure de Gestion (ESG Paris) pour un double MBA en Finance et Marketing.

« J’ai ensuite occupé le poste de directeur commercial pour deux PME portées sur le e-commerce à savoir l’éditorial ethnique Shenka et la plateforme monbebe.com» poursuit-il. Par la suite il obtient un double MPA en gouvernance et politiques de développement suivi d’un PhD en relations internationales et diplomatie, à l’École des Hautes Études Internationales et Politiques (HEIP Paris).

Ayant choisi l’enseignement, il intervient au sein de Grandes-écoles françaises parmi lesquelles : ESG, INSEEC, ISCOM, ESAM ou EHED. Fort d’une ambition politique clairement assumée pour le Cameroun, c’est aussi le directeur de programmes de Paris School of Business (option Finance Islamique) qui a accepté de répondre à nos questions.

Africa Diligence : Croyez-vous en l’émergence économique du continent africain ?

Gabriel-Marcel Deutou : Ne pas croire en l’émergence du continent africain serait méconnaitre les besoins liés à la mondialisation. L’Afrique demeure le premier vivier en termes de ressources naturelles, ce qui justifie la présence chinoise sur le continent. Toutefois, la transition du modèle économique de la Chine passera par une hyper consommation africaine. Il en est de même au regard d’une nouvelle force humaine, bien plus entreprenante et mieux armée face aux défis de la mondialisation. Toutefois, croire à l’émergence du continent africain reviendrait à croire à l’éradication de la corruption au sein de nos institutions. L’Afrique émergera économiquement, j’en suis persuadé ; mais le quotidien de l’Africain demeure notre véritable challenge.

S’il fallait vous aider à contribuer au développement rapide de l’Afrique, quels leviers pourrait-on activer ?

La mise en place d’une nouvelle politique pour un développement rapide de l’Afrique requiert des infrastructures logistiques en adéquation avec cette ambition retrouvée. Il en est de même du levier humain : être capable d’intégrer la diaspora africaine au cœur de l’émergence africaine. Aujourd’hui, faire le choix d’un retour aux origines n’est pas évident, tout simplement parce que l’accompagnement est absent. L’Afrique doit tendre vers un marché commun, si elle veut faire face à la présence de pays émergents notamment la Chine ou l’Inde. De même, la mise en place d’organismes de micro-financement sous le modèle de la finance islamique (partage des pertes et profits) serait un levier viable, mieux adapté aux besoins microéconomiques d’une population où la débrouillardise est le premier vivier professionnel.

Si vous vous retrouviez à la tête de votre pays, dans les 24 heures, quelles seraient vos trois premières décisions ?

Être à la tête du Cameroun est le moteur de mon ambition. Si tel était le cas dans les 24 heures, je m’attellerais d’abord à désenclaver le pays. Il est inadmissible de parler d’émergence économique en l’absence de routes praticables. Le transport joue un rôle primordial, peu importe la politique mise en place, dans le sens où elle a un impact direct sur le coût réel de l’import-export. Mon deuxième chantier serait celui de la transparence au sein de nos institutions, dans l’optique d’accroitre le seuil des investissements directs étrangers. Dans le même thème, je suis pour le choix d’un mandat unique – peu importe la durée. À mon sens, l’Afrique est constituée de proto-États pour qui l’assimilation d’une démocratie à l’européenne n’est pas en adéquation avec nos mœurs culturelles de chefferie. Mon dernier défi serait celui de l’éco-tourisme, le Cameroun porte le nom de micro-Afrique car on y retrouve tout son charme : montagnes, océan, volcan, désert, forêt, faune etc. Mettre sur pied un organisme en charge de ce projet, auquel on donnera une dimension propre au management du développement durable, avec l’intégration, puis l’éclosion de la population rurale.

Que pensez-vous de l’avènement du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique ? 

Pour ma part, l’avènement du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique est une excellente nouvelle. Tout d’abord il répond à un besoin scientifique, permettre à la diaspora d’avoir une meilleure visibilité sur le potentiel et les ambitions du continent africain. Il est vital pour l’émergence de l’Afrique que ces études de marché soient effectuées par des Africains, et pour le bien des Africains. Parler de développement en l’absence de ce centre revient à attendre de l’occident qu’on nous dicte notre chemin.

Propos recueillis par la Rédaction

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