Guy Gweth, président fondateur de Knowdys, invité de l’Infomédiaire

(Africa Diligence) En prélude à sa rencontre avec les chefs d’entreprises marocains le 12 juin 2013 à Casablanca, Guy Gweth a été choisi comme invité du mois du magazine Infomédiaire. Le fondateur de Knowdys, Knowdys France et Knowdys Cameroun explique pourquoi et comment les entreprises marocaines peuvent changer le visage de l’Afrique.

Infomédiaire : M. Gweth vous êtes président fondateur du Cabinet Knowdys spécialiste du conseil en intelligence économique, pouvez-vous nous expliquer l’essor de cette activité sur le continent africain?

Guy Gweth : L’essor de de l’intelligence économique trouve son origine dans l’exacerbation de la concurrence, la nécessité pour les entreprises de se prémunir contre les menaces et d’anticiper les tendances futures du marché. Or quel visage présente l’Afrique aujourd’hui ?

En termes de concurrence, l’Afrique et ses réserves de matières premières ont été de tout temps l’objet de convoitises et d’une compétition souvent rude entre les grandes puissances. Depuis le début de la décennie 90, cette concurrence s’est nettement accentuée sur le terrain économique où de nouvelles puissances comme la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil, le Qatar… et leurs entreprises rabattent les cartes. Ce changement de paradigmes génère des besoins en renseignements qui accroissent l’activité des cabinets d’intelligence économique.

En termes de risques, l’Afrique est encore hélas l’objet de menaces multiples qui vont du risque géopolitique, au défaut de paiement en passant par la corruption et plusieurs autres formes de criminalité en bande organisée. La sophistication de ces menaces ainsi que l’impact qu’elles peuvent avoir sur les entreprises nourrissent l’essor de l’intelligence économique.

En termes de tendances, si l’Afrique ne pèse encore que 4% de la richesse mondiale aujourd’hui, en 2050 ce sera 12%. Notre continent sera alors plus riche que l’Europe et pèsera l’équivalent de 2/3 des États-Unis et de l’Europe réunis. En attendant, la classe moyenne africaine compte entre 330 et 340 millions de personnes. C’est un réservoir de consommateurs pour les produits de luxe et de confort moderne, de voitures, d’ordinateurs, de smart phones, de réfrigérateurs, de machines à laver, etc. On estime à 60% l’augmentation des dépenses de consommation d’ici 2020. La nécessité d’anticiper ces tendances et de les transformer en avantages compétitifs contribue également à l’essor de l’intelligence économique en Afrique.

Quels sont selon vous les secteurs d’activité qui éprouvent un réel besoin d’intelligence économique au Maroc de manière particulière et en Afrique de manière globale ?  

Comme je l’ai énoncé plus haut, l’intelligence économique et stratégique s’adresse à tous les acteurs économiques physiques et institutionnels qui souhaitent accroitre leur compétitivité en s’appuyant sur des informations légales à haute valeur ajoutée. En 2009, nous avons cependant élevé sept secteurs au rang de priorité maximal pour l’intelligence économique en Afrique. Ces secteurs sont toujours d’actualité au deuxième trimestre 2013 et sont valables aussi bien pour le Maroc que pour l’ensemble du continent. Il s’agit précisément de l’agroalimentaire, des assurances, des banques, du BTP, des Télécoms, des Transports aériens et des matières premières stratégiques. J’en expliquerai les raisons durant ma conférence.

Permettez-nous justement d’avoir un avant-goût de la conférence – débat : « Réussir ses partenariats d’affaires en Afrique Subsaharienne » organisée en partenariat avec  AOB Group le 12 Juin 2013 ?

L’histoire que nous allons raconter aux opérateurs économiques marocains le 12 juin 2013 est exceptionnelle pour deux principales raisons :

Primo, pour la première fois, et en exclusivité pour AOB Group, nous allons dévoiler les résultats de l’enquête Knowdys sur la perception des entreprises marocains dans 12 pays subsahariens. Six pays d’Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) et six pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Nigeria et Togo).

Secundo, nous allons partager avec les chefs d’entreprises la vision pragmatique de deux cabinets de conseils africains – Knowdys & AOB Group – qui associent leur expertise et leurs compétences pour accompagner des opérateurs économiques du nord au sud du continent.

Au sortir de cette conférence, les participants possèderont les secrets et les clés de lecture économiques et culturelles indispensables pour se déployer dans les pays visés, en minimisant les menaces et en optimisant les opportunités qu’offre le marché subsaharien.

Force est de constater qu’il existe un réel besoin d’investissement en Afrique, mais quels en sont, selon vous,  les principaux enjeux compte tenu de la conjoncture économique mondiale ?

Mis à part le fait que notre continent est le périmètre géographique le plus rentable au monde, la présence marocaine au sud du Sahara répond à trois principaux enjeux, de l’avis de nombreux observateurs. Premièrement, elle répond aux besoins d’une Afrique subsaharienne en croissance et en quête d’émergence. Deuxièmement, elle élimine les surcoûts dus aux intermédiaires non-Africains qui occupent une place considérable dans les échanges entre le Maroc et les pays subsahariens. Troisièmement, elle contribue à l’intégration économique que la plupart des analystes et des stratèges panafricanistes appellent de leurs vœux.

Sous un angle plus géopolitique, j’ajouterai que la présence des sociétés marocaines confère au Royaume chérifien une influence qui franchira certainement un nouveau palier lorsque Rabat retrouvera sa place au sein de l’Union Africaine. Dans l’intervalle, j’observe que grâce à la présence des entreprises marocaines et à la diplomatie économique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Royaume s’offre les prémices d’un leadership qu’il va falloir renforcer.

Comment voyez-vous les investissements marocains en Afrique Subsaharienne à moyen & long terme ?

J’aurais aimé vous dire que tout ira bien dans le meilleur des mondes possibles… Mais en vérité, deux trajectoires sont possibles.

Soit les opérateurs économiques marocains restent sur un schéma ancien et considèrent que la croissance des marchés subsahariens depuis 10 ans est un phénomène passager, une espèce de bulle économique qui explosera sous peu… Dans ce cas, ils se contentent des acquis, privilégient les partenariats à distance et continuent de regarder du côté de la veille Europe.

Soit ils comprennent les enjeux expliqués plus haut, s’appuient sur la diplomatie économique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, s’inspirent des champions nationaux tels Attijarawafa Bank, BMCE Bank, Maroc Telecom ou Royal Air Maroc, et se mettent en ordre de marche.

Aux entreprises qui voudront emprunter la seconde trajectoire, Knowdys et AOB group apporteront…

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