L’espionnage économique attire ses adeptes en Algérie

(Africa Diligence) Avec ses gros marchés à budgets importants, ses programmes de développement dont les investissements se chiffrent en centaines de milliards de dollars, l’Algérie est devenue un gigantesque terrain de chasse pour espions issus de groupes d’intérêt, multinationales et sociétés étrangères. Que cherchent-ils?

L’espionnage industriel ou espionnage économique est l’espionnage qui vise le commerce, par opposition à celui, plus habituel, qui vise la sécurité nationale. Il peut être effectué par un gouvernement ou une entreprise privée. C’est le complément de l’intelligence économique dont les moyens sont légaux, mais le terme espionnage inclut aussi ces méthodes, dans le langage courant. Ses méthodes particulières ainsi qu’illégales incluent les pots-de-vin, le chantage, la surveillance électronique et parfois même la violence. Il peut être avantageux pour un gouvernement d’espionner des entreprises privées et aussi à l’inverse, par exemple afin de pouvoir soumissionner pour un montant plus bas. La plupart des grandes entreprises admettent financer d’importants départements dédiés aux aspects légaux de l’«investigation» industrielle.

À l’heure de l’économie de l’immatériel, la frontière entre espionnage industriel et investigation légale est particulièrement floue : l’accès à l’information est très aisé par le réseau Internet (voir sources ouvertes, Robert Steele) et par les pratiques d’influence exercées lors des multiples colloques et salons professionnels, le droit est complexe, voire flou (voir sécurité juridique). On peut même se demander si le flou juridique n’est pas entretenu afin de justifier des pratiques à la limite de la légitimité (information grise), la prise en compte du capital immatériel dans la comptabilité des entreprises (IAS 38) instaure une quasi-légalisation des pratiques d’investigation et de copiage, via les immobilisations incorporelles et le développement de certains moteurs de recherche permettant de collecter les informations à partir de micro-ordinateurs distribués en réseau et de reconstituer relativement et facilement le détail des informations qui ont donné lieu à des rapports de synthèse.

Selon les experts, dans le contexte actuel, la politique de l’espionnage en direction de l’Algérie revêt deux aspects essentiels : En premier, l’aspect d’intérêt stratégique : on cherche à connaître le potentiel économique de l’Algérie, le processus suivant lequel les décisions économiques se prennent. Compte tenu de la position stratégique de l’Algérie dans la région, de sa position notamment vis-à-vis de l’Union européenne, ces éléments sont déterminants pour prétendre exercer une quelconque influence. Le deuxième aspect est d’ordre commercial. Prosaïque. Il s’agit de rechercher et d’exploiter l’information commerciale pour s’implanter, rafler des marchés ou augmenter ses parts de marché dans l’économie nationale. Souvent, les cabinets de consulting et d’audit, les agences de communication, les cabinets de certification… Ces organismes qui concentrent une manne d’informations unique sur l’état de santé des entreprises algériennes, banques, assurances, sont pointés du doigt.

Ines B.