Les classes moyennes africaines aspirent à une meilleure consommation

(Africa Diligence) En Afrique, les conditions de marché n’ont plus grand-chose à voir aujourd’hui avec ce qu’elles étaient lorsque CFAO prit la décision de se retirer en 1999 de la grande distribution dite « organisée » pour se recentrer sur ses deux grands métiers dans l’automobile et la pharmacie. A l’époque, les rares supermarchés servaient essentiellement les expatriés dans quelques grandes villes.

Désormais, du fait de l’émergence d’une classe moyenne africaine aspirant à consommer de façon moderne, CFAO s’ouvre avec les enseignes de Carrefour et celles d’autres futurs partenaires un marché estimé à 25 millions d’habitants dans les huit pays cibles. Si le commerce moderne représente déjà 55 % de la distribution alimentaire en Afrique du Sud – où Wal-Mart a réalisé en 2011 le plus important investissement sur le continent pour un distributeur occidental -, 23 % en Tunisie ou encore 13 % au Maroc, il ne pèse que de 2 à 3 % dans les pays de l’Afrique subsaharienne, hors Kenya. Ces marchés restent très fragmentés et les rares centres commerciaux et grandes surfaces qui y sont exploités le sont par quelques groupes familiaux, principalement d’origine libanaise dans l’Afrique francophone.

Le plus important d’entre eux, le groupe Mercure International de l’homme d’affaires libano-sénégalais Adnan Houdrouge, pèserait un peu plus de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires dans la distribution alimentaire, pour laquelle il est franchisé du groupe Casino. Or ces marchés vont connaître une forte croissance. Selon un rapport récent de McKinsey, d’ici à 2020, le seul chiffre d’affaires des secteurs liés aux services et à la consommation devrait croître de 410 milliards supplémentaires en Afrique, soit sur un rythme annuel de 4 à 5 %. Et plus de la moitié des ménages africains, soit presque 130 millions, devraient avoir des revenus annuels supérieurs à 5.000 dollars, contre 85 millions aujourd’hui. Si les marchés traditionnels ont encore de beaux jours devant eux, les Africains, avides de modernité, voudront aussi consommer avec plus de sécurité, de qualité et de confort.

 Antoine BOUDET