IFRI OLIVE part à l’assaut du marché chinois

Après avoir exporté ses huiles en Afrique du Sud, au Sénégal, au Canada, en France, en Suisse et aux Emirats arabes unis, Ifri Olive part à l’assaut  de l’empire du Milieu. L’entreprise algérienne déploie désormais une stratégie absolument audacieuse pour booster sa croissance à l’international.

La marque Ifri Olive a participé, en septembre 2011, au salon de Guangzhou, en Chine. La participation à cet événement s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle stratégie lancée pour découvrir de nouveaux débouchés à l’export. Et le paquet a été mis pour séduire un pays qui a été désigné par le Conseil oléicole international comme étant l’un des marchés les plus prometteurs. La Chine aurait importé 30.000 tonnes d’huile d’olive en 2010.

 «Nos produits ont réussi à séduire. Nous comptons désormais sur un partenaire chinois qui a d’ores et déjà lancé un site internet dédié à notre marque en chinois. Les potentialités sont exponentielles», affirme Zahir Kemiche, gérant de l’entreprise. L’huile d’olive peut devenir un bon filon susceptible de booster les exportations algériennes hors hydrocarbures. Pour l’heure, elles restent pourtant dérisoires. «Nous sommes en pleine phase d’apprentissage, de prospection et d’analyses sur le terrain compliqué et rude de l’exportation», estime cet opérateur. Il s’agit désormais de trouver les leviers et comprendre les accès aux marchés extérieurs», dit-il. Triste réalité, la majorité de l’huile d’olive produite en Algérie est une huile lampante, donc déclassée à cause de son acidité. Ifri Olive a décidé de changer la donne et de redorer l’image de l’huile algérienne à l’étranger. Commercialiser l’huile d’olive algérienne à l’étranger n’est pas une mince affaire. «A chaque salon, (Allemagne, Marseille…), les clients nous disent que notre huile a un bon goût, et qu’elle est fruitée.

 Mais pour produire une telle huile, il faut que le processus de fabrication soit respectueux des normes de qualité», affirme M. Kemiche. Les entreprises algériennes ne sont pas rodées à l’export. Le marché à l’exportation est difficile. Parmi les contraintes liées à l’export, M. Kemiche évoque «l’éparpillement et la non-structuration de l’offre locale.» Aussi, ce chef d’entreprise souligne que «même si les opérations d’exportation sont exonérées des droits de douane et d’impôts et même si le paiement se fait par anticipation, les exportateurs algériens de l’huile d’olive sont loin de satisfaire les quotas qui leur sont réservés dans les accords d’associations». «Les pays européens se protègent trop», relève M. Kemiche qui souligne une contrainte: une pratique protectionniste exercée par les pays européens: «l’instauration de la note organoleptique.» «Un jury de dégustation peut à tout moment juger que la qualité du produit n’est pas bonne.» «Face à ce verdict sans appel, l’exportateur se retrouve désarmé, car il ne peut pas confronter ce verdict avec une autre appréciation d’un jury algérien. Où est le jury de dégustateurs qui a été formé par l’institut technique de l’arboriculture fruitière (ITAF) ?», s’interroge cet opérateur oléicole.

 La promotion de l’exportation d’huile d’olive conditionnée est l’un des principaux défis de la filière oléicole algérienne. Une stratégie a été mise en place par un instrument d’aide: M. Kemiche souligne l’«aide appréciable du Fond de promotion des exportations».  Les exportateurs réclament «un fonds de promotion de l’huile d’olive conditionnée et un financement des opérations d’intérêt public visant à faire connaître davantage le produit algérien, à travers des campagnes de promotion et la commercialisation au profit des entreprises privées.»

 D’autres opérateurs déplorent «une faible aide à l’export consentie par le Fonds de soutien et de la promotion des exportations (FSPE), pour couvrir les frais de transport et des expositions dans les foires internationales.» Quid des prix pratiqués à l’export ? «Cette année, les prix ont flambé et le marché sera difficile à l’export, mais on restera présents pour subsister», confie M. Kemiche. Et pour mieux résister, il faut innover. L’entreprise a développé toute une gamme de nouveaux produits à base d’huile d’olive destinés à l’export : du thon à l’huile d’olive, de la salade aux piments (Hmis), du fromage à l’huile d’olive avec son partenaire Ramdy et bien d’autres produits du terroir. Aussi, M. Kemiche note une grande demande à l’export en grignon, sous-produit de la trituration des olives utilisé comme biocarburant. Pour mener à bien ce processus d’innovation M. Kemiche affirme tirer beaucoup profit des «aides appréciables assurées par les universités de Béjaïa, Tizi Ouzou, le centre de recherche scientifique et technique en analyses physico-chimiques (CRAPC) de l’université de Bab Ezzouar et le Centre algérien du contrôle de la qualité et de l’emballage (le CACQE).»

Cherif Lahdiri avec AD