Intelligence économique & Lobbying associés

Peut-on influencer la décision publique sans information stratégique? A quoi sert-il de le gaver d’informations, fussent-elles concurrentielles, si le client subit désespérément l’arsenal légal et réglementaire qui gouverne son secteur d’activités ? Les réponses à ces deux questions indiquent clairement que l’intelligence économique (IE) et le lobbying sont deux activités qui se complètent sur le terrain de la compétitivité. A l’aide d’un exemple, cet article révèle  comment les consultants de Knowdys les associent pour faire gagner leurs clients en Afrique centrale et de l’ouest.

Par Guy Gweth

Comme nous l’avons montré dans de précédents articles, le lonesome cowboy ne fait pas long feu en IE. Dans la pratique, un acteur seul et sans carnet d’adresses est un acteur mal accompagné. C’est pourquoi nous considérons les réseaux d’influence comme faisant partie de l’ADN de l’IE. Nombre de lobbyistes n’en pensent pas moins. Sauf à regrouper IE et Public Affairs dans une même structure comme chez Knowdys, la plupart des cabinets de lobbying scindent leurs activités d’intelligence économique et stratégique (ou ce qui en tient lieu) en deux volets principaux. Leurs appellations varient en fonction des cultures, mais grosso modo on y retrouve un volet Research and Intelligence (R&I) généralement attribué aux consultants juniors et un volet Analysis le plus souvent réservé aux consultants seniors.

R&I

Il existe encore de nombreux cabinets de lobbying où les jeunes professionnels considèrent que la collecte d’informations est une activité peu gratifiante. Il n’en est rien en réalité. Car si leurs aînés font des prouesses, c’est bien parce que les plus jeunes fournissent une masse d’informations de grande qualité. De plus, la collecte est une activité dense et exigeante qui n’est pas uniquement affectée aux jeunes collaborateurs dans le but de réduire les coûts. Face à plusieurs affaires en cours, le fait pour un junior de suivre exclusivement trois à cinq topics dans un cadre et un agenda bien définis se révèle très efficace au quotidien. C’est grâce à cette expertise jeune, dynamique et moins coûteuse (au début) que l’on peut surveiller 90 matières premières aussi variées que le pétrole, l’uranium, le cacao, le maïs ou le blé, 7j/7, 24h/24.

Analysis

Les informations collectées grâce à la veille électronique, documentaire et événementielle notamment permettent d’alimenter l’intranet au profit de l’ensemble de l’équipe, d’informer les clients qui ont un abonnement ou dont le dossier est en cours de traitement, de mettre à jour les fiches thématiques ou les fichiers de personnalités. Elles permettent en outre aux seniors de les croiser avec d’autres sources confidentielles ou non, de produire des analyses qui permettent ensuite de rédiger des notes ou des articles, de préparer des conférences, de construire des position papers à l’intention des décideurs, etc. Les conference calls hebdomadaires entre seniors et juniors servent à faire les bilans et à définir de nouveaux axes de surveillance en fonction du timing et des problématiques des différents clients du moment.

Exemple

La mécanique de Knowdys pour alimenter une dizaine de gouvernements et d’associations de producteurs subsahariens en alertes sur les matières premières s’inspire du fonctionnement d’une usine de construction automobile. Un petit exemple: à 12h, Albert (junior) entre ses paramètres de recherche dans le logiciel dédié. Le lendemain à 8h du matin, il recueille les données collectées (articles de presse, analyse d’experts, « cas non conformes », déclarations politiques, textes de lois, etc.). A 10:30, il a terminé le premier tri et envoie une synthèse documentée à Josiane (senior). A 12:30, deux pages d’Analyse & Recommandations  partent à la validation. 30 minutes plus tard, elles sont dupliquées, s’il y a lieu, et adressées par des canaux sécurisés aux interlocuteurs gouvernementaux et associatifs.

Avantage

A ce stade, le lecteur attentif se demande logiquement à quel instant intervient le lobbying… Ce dernier entre en lice au moment d’établir « les règles du jeu ». Si au premier trimestre 2011, les chiffres montrent que les États africains font encore davantage confiance aux lobbyistes étrangers pour défendre leurs intérêts à l’international, les groupes d’intérêts locaux, en revanche, privilégient les acteurs comme Knowdys qui réunissent quatre principaux atouts pour gagner: une expertise reconnue par les acteurs gouvernementaux qui reçoivent les alertes Knowdys, la maîtrise des techniques de négociation locales, de solides références dans la surveillance des marchés, et la capacité à mobiliser les acteurs de la société civile et les médias partenaires dans le cadre d’une opération d’influence ou de contre-influence.