Afrique : quelle diplomatie économique pour l’Europe ?

(Africa Diligence) Malgré la persistance des violences ethniques et politiques, dont témoigne l’actualité sahélienne, le continent dispose de ressources naturelles impressionnantes. La population en âge de travailler « devrait exploser en nombre absolu pour dépasser celle de l’Inde dans les années suivantes », d’après Jean-Joseph Boillot et Stanislas Dembinski.

Et selon le FMI, 22 pays subsahariens atteindront à l’horizon 2015 un PIB par habitant suffisant pour voir s’y développer une consommation de masse. Industrie automobile, informatique ou même enseignement supérieur… L’Afrique est bien le dernier grand marché à conquérir. Il attise d’ailleurs toutes les convoitises.

Le nouveau « grand jeu » africain

« En se retirant et en se désintéressant de l’Afrique, les Européens y ont favorisé le chaos, puis facilité la pénétration chinoise », observe à juste titre Jean Jolly dans « Les Chinois à la conquête de l’Afrique » (Pygmalion, 2011). Si les manœuvres de Pékin sont désormais bien connues, il ne faut pas perdre de vue les États-Unis, qui tentent de regagner du terrain en misant sur les limites de la « Chinafrique ». Washington propose ainsi davantage de coopération et de partage des ressources aux gouvernements locaux. Tout comme New-Delhi, qui s’appuie sur une présence ancienne et une politique originale de soft power. Si le groupe Tata est le fer de lance de la stratégie africaine de l’Inde depuis les années 1960, de nombreuses entreprises misent également sur l’Afrique comme un relais de croissance à moyen et à long terme.

Et la France ?

En attendant de définir le nouveau modèle sur lequel fonder notre influence, deux outils semblent privilégiés par l’Etat : la francophonie et la diplomatie économique d’une part, l’Europe d’autre part. La récente tiédeur de nos partenaires au Mali sonne comme une fin de non-recevoir à toute velléité d’européanisation de la stratégie à mettre en œuvre pour faire pièce aux nouvelles puissances. Reste la francophonie. Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a ainsi annoncé début 2013 que, « dans le cadre de notre diplomatie francophone, nous conforterons la dimension économique de l’espace francophone et développerons les mécanismes de coopération économique ». Il n’est que temps !

Jean-François FIORINA