Interculturalité : enseigner les savoirs traditionnels africains à l’école

[Africa Diligence] Chargée de présider la session portant sur la Pédagogie, Méthodologie, et Langues pour l’émergence, Gianna Pallante a insisté sur la nécessité de donner un statut scientifique aux savoirs traditionnels africains. Pour cette enseignante retraitée de l’UCAC, la valorisation de ces savoirs ne se limite pas à leur collecte ou à leur recensement, il faut aussi les enseigner à l’école pour qu’il y ait une réelle interculturalité.

Une culture se transmet à travers l’éducation et par conséquent la tradition. Et lorsqu’elle n’est plus transmise elle devient une simple nostalgie du passé. La transmission advient à travers une langue, un langage, de sorte qu’on peut dire en ce qui concerne l’Afrique, que si les langues africaines se perdent, la vision du monde dont elles sont chargées se perd aussi, a précisé Gianna pallante lors de son intervention au colloque international du CERDOTOLA 2015.

L’industrialisation est liée à la tradition scientifique et technique, qui dans sa rencontre avec les traditions culturelles impose ses valeurs intellectuelles et morales, dont certaines peuvent aller à la rencontre ou à l’encontre des valeurs traditionnelles. Si la tradition scientifique a commencé en Occident, aujourd’hui d’autres traditions scientifiques ont vu le jour. Avec quelle tradition scientifique voulons-nous entrer en confrontation ? Telle était la question centrale à laquelle cette enseignante retraitée de l’UCAC a apporté une réponse incisive durant le colloque.

Il va sans dire que dans le processus de valorisation des savoirs traditionnels, la collecte ou le recensement de ces derniers est la première étape indispensable. Mais il faut noter que sans une épistémologie et une herméneutique de ces savoirs, ainsi qu’un travail de didactisation dans le but de les enseigner, ils ne peuvent pas entrer en dialogue réel avec le savoir scientifique et technique qui est transmis dans nos écoles, a expliqué Gianna Pallante.

Sa communication a porté sur trois parties. La première était consacrée à la définition de certains concepts clés tel que la notion d’interculturalité. Elle a ensuite revisité la signification de la tradition et son implication sur le langage et la langue. Dans la deuxième partie, elle s’est attardée sur le concept de tradition scientifique et sa nécessaire réinterprétation à la lumière d’un développement plus humain. Dans la dernière, elle a proposé la nécessité de donner un statut scientifique aux savoirs traditionnels à enseigner à l’école pour qu’il y ait une réelle interculturalité.

Gianna Pallante, Lauréat de Docteur en Pédagogie à la « Sapienza » de Rome et Doctorat canonique à la Salésienne à Rome. Enseignante à l’UCAC depuis l’année académique 1996 à la faculté de philosophie,elle a lancé en 1999 l’option philosophie de l’éducation qu’elle va diriger jusqu’en 2001. En retraite depuis septembre 2014, elle collabore avec l’ENSET de Douala, l’ENS de Maroua et le SENECA. En 2001 elle a créé le groupe de recherche PHIED2000 qu’elle a dirigé jusqu’en 2014. Ses dernières publications concernent la philosophie de la culture : Du dialogue interculturel. Vol. 1. Essai d’interprétation des phénomènes culturels et Du dialogue interculturel Vol. 2. Essai d’interprétation du vivre ensemble avec l’Harmattan.

La Rédaction (Avec le CERDOTOLA)