300 Belges à l’assaut du marché sud-africain

(Africa Diligence) La princesse Astrid a entamé sa visite en Afrique du Sud avec un objectif clair : renforcer la coopération économique entre la Belgique et l’Afrique du Sud. Elle est accompagnée d’une imposante délégation, près de 300 personnalités, comptant plusieurs ministres fédéraux et régionaux et une kyrielle de chefs d’entreprise.

Première économie africaine, l’Afrique du Sud représente à elle seule un quart du PIB du continent. Les entreprises belges n’ont commencé à s’y installer qu’après la fin de l’apartheid, en 1994. Et ce n’est que depuis peu qu’elles réalisent le potentiel de ce pays. Si elle augmente chaque année, leur présence reste encore relativement faible et la Belgique n’est que le 32e fournisseur de l’Afrique du Sud. En Belgique francophone particulièrement, les références africaines se situent plutôt en Afrique centrale ou de l’Ouest, avec parfois des clichés qui ne s’appliquent pas à Pretoria. En 2012, l’Afrique du Sud a été classée au 39e rang par la Banque mondiale en termes de facilité à y faire du business, devant l’Espagne, la Pologne, l’Italie ou le Luxembourg. Il existe par ailleurs un accord douanier bilatéral entre l’Afrique du Sud et l’Union européenne : 95 % des produits sud-africains entrent dans l’UE hors taxe, tandis que l’Afrique du Sud a libéralisé 86 % de son commerce avec l’UE.

Malgré un ralentissement de sa croissance (elle n’a pas dépassé 2,5 % en 2012, et devrait rester du même ordre en 2013), l’Afrique du Sud possède des ressources naturelles, un secteur des services (financiers, notamment) bien développé, ainsi que des équipements industriels performants et un environnement législatif protecteur pour les investisseurs. Elle dispose aussi d’infrastructures modernes, bien que celles-ci aient grand besoin de nouveaux investissements pour soutenir le développement économique.

Frappée par une pénurie d’électricité, l’Afrique du Sud a ainsi lancé un plan d’investissement prévoyant de doubler sa capacité d’approvisionnement électrique d’ici vingt ans. Outre de nouvelles centrales à charbon et nucléaires, les autorités veulent aussi développer les énergies renouvelables. Le groupe liégeois CMI (Cockerill Maintenance & Ingénierie) participe à la construction d’une centrale thermo-solaire dans le désert du Karoo, près de la frontière avec la Namibie. Mais le secteur de l’énergie est loin d’être le seul à offrir des opportunités. « Le traitement de l’eau et des déchets, les transports, le tourisme, la santé… », cite Jean-Pierre Muller, Conseiller économique et commercial en Afrique du Sud pour la Wallonie et Bruxelles. « C’est aussi une base idéale pour prospecter dans les pays voisins, voire le reste du continent », dit-il, évoquant notamment le Mozambique, « où la découverte d’énormes réserves de gaz devrait entraîner un développement rapide ».

Enfin, grâce à cette mission princière, la Belgique ambitionne aussi d’attirer plus d’investissements sud-africains dans notre pays. La zone euro est la destination d’un tiers des exportations sud-africaines (diamants et métaux précieux, produits métalliques, véhicules de transport…). Et la Belgique, actuellement le 12e client de l’Afrique du Sud (4e pays au sein de l’UE), espère se positionner comme la porte d’entrée de ce commerce, via le port d’Anvers. Les milieux portuaires, tout comme les diamantaires anversois, seront donc présents en nombre dans la délégation. Mais la Wallonie et Bruxelles ont bien l’intention de rattraper leur retard. Chaque région avancera ses pions pour se placer sur ce marché à fort potentiel.

(Avec Patricia Huon)