Investissement à impact : ce qu’en pensent Rajiv Shah et Tony Blair

(Africa Diligence) Un nouveau fonds d’investissement institué par JPMorgan Chase & Co. et la fondation Bill & Melinda Gates, offrira, pour la première fois, la possibilité aux particuliers et aux investisseurs institutionnels de financer les technologies sanitaires au niveau international afin de sauver des millions de vies dans les pays à faible revenu.

En matière d’investissement à impact, le Dr Rajiv Shah, Administrateur de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international, estime que pour mettre un terme à l’extrême pauvreté et à la mortalité infantile, et réduire considérablement la sous-alimentation chez l’enfant, il faut faire recours à de véritables investissements privés parallèlement aux ressources publiques. C’est dans cette perspective que l’USAID à travers sa restructuration (USAID Forward), entend établir des partenariats avec le secteur privé. Pour Rajiv Shah,  « Les échanges entre l’Afrique et le reste du monde ont augmenté de 200 % au cours des dix dernières années ». En 2010, les investissements directs étrangers y ont dépassé les 55 milliards de dollars, soit cinq fois le montant d’il y a 10 ans.

Par ailleurs, au cours des dernières années, l’USAID a travaillé avec JPMorgan Chase afin de mettre en place une aide commune de financement pour le groupe African Agricultural Capital. Avec l’USAID, JPMorgan Chase et un groupe d’investisseurs sociaux, 25 millions de dollars ont été levé pour alimenter un fonds qui permet aujourd’hui d’investir dans une douzaine de petites sociétés agricoles en Afrique de l’Est. Cette aide touche environ 250000 agriculteurs.

Pour Rajiv Shah, le potentiel d’investissement à impact est énorme. Selon les estimations, seulement sur les infrastructures, l’Afrique aura besoin d’environ 90 à 100 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie, et une bonne partie de cette somme pourrait provenir de l’investissement à impact social.

Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, estime pour sa part qu’il y a des exemples d’investissements à impact réussi. Il s’agit notamment de l’énergie solaire en milieu rural et les actions menées par la fondation Gates autour de la santé et l’apport des vaccins.

Rajiv Shah et Tony Blair estiment tous les deux que la gouvernance reste un grand défi lorsqu’on parle d’investissement à impact. Pour cela, il faut établir des règles transparentes et prévisibles qui attirent les investisseurs et facilitent les affaires. Les Etats doivent par ailleurs avoir la capacité de réunir les bons projets et les mettre à la portée du secteur privé. Les entreprises en ce qui les concerne, veulent s’assurer qu’il règne une certaine stabilité dans la structure de la règle qui définit et supervise leurs investissements. Sans cette assurance, elles sont réticentes à l’idée de réaliser des investissements, fussent-ils sociaux, ou de rechercher simplement des rendements du marché.

Roseline Ngo Boula, Carine Aboya et Junior Sagne