La BAD rêve d’une Afrique industrialisée

[Africa Diligence] La BAD croit dur comme fer à l’industrialisation de l’Afrique. La preuve, l’institution financière panafricaine va débloquer une somme de 35 milliards de dollars au cours des dix prochaines années pour faire de ce rêve une réalité.

L’avenir de l’Afrique, il faut non seulement y penser, mais y croire. C’est le principal enseignement que l’on peut tirer des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) où plus de 3000 participants ont pris part du 21 au 25 mai 2018 à Busan, en Corée. À l’instar de ce pays asiatique qui a connu une révolution industrielle en un demi-siècle au point de se hisser au 11è rang de l’économie mondiale, la BAD y a organisé sa grande messe annuelle, comme pour demander aux pays africains, de s’inspirer du dynamisme du peuple coréen dont le niveau de développement était si ce n’est identique, moins que celui de nombreux pays du continent.

Dans cette perspective visant l’émergence de l’Afrique, le président de la BAD Akinwumi Adesina, s’est engagé au nom de cette institution, d’accompagner le continent africain à réaliser ce rêve, relever le défi du développement. La première mesure concrète de cet afro positivisme est le déblocage sur une période de dix ans, d’une enveloppe de 35 milliards de dollars soit une moyenne de 3,5 milliards de dollars par an, pour l’industrialisation de l’Afrique. On le comprend pour le dirigeant de la plus grande institution financière du continent, « le peuple Africain est fatigué d’être pauvre. L’Afrique ne doit pas être le musée de la pauvreté », a-t-il insisté. L’urgence de renverser la pente est réelle, les estimations les plus probables indiquent qu’en 2050, l’Afrique aura 500 millions de jeunes.

Pourtant, « il n’existe pas d’autre solution réaliste que l’industrialisation : la population africaine est le plus jeune du monde, et nos jeunes ont besoin de millions d’emplois. Une base industrielle dynamique est donc essentielle pour la jeune population croissante en Afrique ». Actuellement, le poids de l’Afrique dans l’industrie manufacturière mondiale ne pèse plus que 2% contre 3% dans les années 1970. Véritable paradoxe pour un continent qui vise l’émergence, le niveau d’industrialisation de l’Afrique ayant régressé ces dernières années comparativement à il y a quatre décennies.

D’énormes potentialités

Après les 24 milliards de dollars d’investissements sur dix ans en faveur de l’agriculture promis en 2017, en marge des assemblées annuelles organisées en Inde, Akinwumi Adesina revenu, sur un autre pilier du développement de l’Afrique pour casser la tirelire devant permettre d’accélérer l’industrialisation de l’Afrique. Objectif, s’attaquer à la pauvreté dans laquelle beaucoup de pays du continent sont empêtrés, et exploiter définitivement de réelles opportunités de développement qui s’offrent à l’Afrique. Avec ses 65% des terres arables non encore exploitées, le président de la BAD croit que l’Afrique a toutes les chances de réussir son industrialisation en mettant en œuvre ses fortes potentialités agricoles.

Pour y arriver, la BAD a dénombré quatre piliers sur lesquels l’atteinte desdits objectifs devrait être tournée, en l’occurrence, une volonté politique des dirigeants africains, un effort d’amélioration des infrastructures, un investissement accru dans le capital et un accompagnement conséquent des pouvoirs publics dans la promotion du secteur privé. Parce qu’il s’agit des politiques de développement adaptées à chaque pays, le président de la BAD a exclu toute idée de faire du copier-coller dans la mise en œuvre de la stratégie d’industrialisation de l’Afrique. Il pense que la solution passe par le « copier en apprenant », pour que l’Afrique parvienne à créer son propre modèle d’industrialisation.

S’il est vrai que beaucoup reste à faire pour y parvenir, au regard des conflits armés, des guerres fratricides, de la corruption, mieux de la mal gouvernance qui plombent le développement du continent, la BAD croit y avoir décelé des signes prometteurs dans la volonté de l’Afrique à aller de l’avant avec au centre, l’amélioration du climat des affaires, comme le révèlent les différents rapports Doing Business publiés chaque année par la Banque mondiale.

La Rédaction (avec Achille Mbog Pibasso)

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