[Africa Diligence] En Afrique du Sud, la South African Reserve Bank (SARB), la banque centrale du pays, est sortie de sa réserve traditionnelle. Alors qu’en juin 2017, un parlementaire avait lancé le débat sur l’indépendance dont jouit actuellement l’institution et la nécessité de la soumettre au pouvoir politique afin de réviser son mandat en fonction des objectifs de développement du pays, la polémique a repris de plus belle.
Cette fois-ci, c’est la candidate à la présidence du pays, Nkosazana Dlamini-Zuma, qui a déclaré : « Nous devons nous assurer que la banque centrale ne s’accrochera pas à une indépendance amorphe mais qu’elle ait pour mandat clair, la mise en œuvre des politiques de développement orientées vers les populations, édictées par la majorité gouvernementale de l’ANC ».
Face à cette sortie, la réaction de la SARB ne s’est pas fait attendre et elle est venue de ses deux principaux dirigeants. Selon Lesetja Kganyago (photo), l’actuel gouverneur de l’institution, la montée tragique de la pauvreté qui va de pair avec une hausse de l’inflation et un affaiblissement de la croissance démontre le bien-fondé de la politique de maîtrise de l’inflation actuellement menée par la banque.
« Ces indicateurs montrent que dans notre environnement économique actuel, repenser notre politique monétaire n’est pas le meilleur usage que nous pouvons faire de notre temps. » Et de poursuivre en affirmant que la politique actuelle de maintien du niveau de l’inflation, s’inscrit également dans le cadre du respect du devoir constitutionnel de la banque qui est de maintenir la valeur de la monnaie locale.
« Il n’y a pas de distinction et, partant, pas de choix à faire entre protéger la valeur du rand et parvenir au bien-être socioéconomique des Sud-africains. » Pour sa part, Kuben Naidoo, le numéro deux de l’institution va plus loin. « Je peux vous assurer que si nous ramenons notre taux directeur à zéro dès demain, ce pays ne connaitra pas une croissance durable sur les deux prochaines années. » Et à Lesetja Kganyago de renchérir en indiquant que le seul argument en faveur de l’investissement dans le pays était, selon les agences de notation, la politique économique actuellement menée.
Mais la banque centrale va plus loin en rejetant la faute de la situation qui prévaut actuellement dans le pays sur les politiques. « Ceux dont c’est le travail de faire croître l’économie et de prendre les décisions qui apportent de la stabilité aux investisseurs n’accomplissent pas leur tâche. Et dans un environnement de croissance faible, la SARB constitue une cible facile », estime Kuben Naidoo.
Un propos qui rappelle étrangement, plus de deux siècles après, le fameux mot du Baron Louis, « Faites-moi de bonnes politiques, je vous ferai de bonnes finances. »
La Rédaction (avec Aaron Akinocho)