La Banque mondiale rêve d’améliorer le climat des affaires au Cameroun

[Africa Diligence] Rarement, sinon jamais, meilleur élève du classement Doing Business in Africa, le Cameroun mange aujourd’hui le fruit amer de sa lenteur dans l’amélioration de son environnement des affaires. Afin d’y remédier et à l’occasion du lancement de l’année fiscale 2018, la Banque mondiale émet quelques recommandations à l’attention du gouvernement et des autorités financières du pays.

« Pour attirer les financements du secteur privé, il faut avoir de bonnes institutions, des institutions fortes ». Ce sont là les mots assez concluants d’Elisabeth Huybens, responsable pays pour la Banque mondiale, concernant la situation de l’investissement privé au Cameroun. S’exprimant devant la presse lundi à l’occasion du lancement de la nouvelle année fiscale 2018, celle qui représente l’œil et l’oreille de l’institution de Bretton Woods à Yaoundé, a estimé la question réglementaire encore plus urgente :

« Le cadre institutionnel et réglementaire doit être revisité de manière à attirer davantage les grands investissements privés ».

En effet, ce sont les investissements d’envergure qui sont susceptibles d’apporter plus rapidement d’importantes retombées en matière de développement. Et cela, les autorités camerounaises en sont conscientes. C’est d’ailleurs ce qui a poussé le gouvernement, en 2009 à adopter le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), qui se veut être un plan d’accélération de la croissance économique au moyen de la construction de nouvelles infrastructures. Depuis 2010, sa mise en œuvre est toujours en cours et l’inauguration récente du port en eau profonde de Kribi a marqué le cap de la concrétisation.

Les institutions financières ne peuvent pas tout faire

Cependant un seul projet d’envergure réalisé en sept ans, cela reste moyen pour un pays qui portent d’aussi « grandes ambitions » (pour emprunter les mots au président de la République).

Jusqu’à présent, la stratégie de Yaoundé pâtit d’un environnent des affaires peu favorables à l’affût des investisseurs privés. Appelant le pays de Paul Biya à accélérer les réflexions pour aboutir très rapidement à un contexte plus favorable, la Banque insiste sur le fait que les fonds mis à disposition par les institutions financières internationales ne pourraient à eux seuls réaliser tous les projets d’infrastructure portés par le Cameroun.

Sur le plan international en tout cas, ce n’est effectivement pas un secret, le Cameroun est réputé pour être un mauvais élève en matière d’environnement des affaires. Dans le Doing Business 2017 de la Banque mondiale, le pays de Paul Biya est classé 166e sur 190 économies à travers le monde et 37e sur 53 économies en Afrique. Au sein des membres de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA), le Cameroun ne fait pas vraiment meilleure presse, apparaissant parmi les pays où « les entrepreneurs sont confrontés à des charges réglementaires différentes en fonction de l’établissement et de la gestion de leurs activités ». Une situation qui a le mérite de saper la confiance des investisseurs.

Le sujet était encore à l’ordre du jour à la 8e édition du Cameroon Business Forum qui s’est tenue en mars dernier à Douala. Nombre d’économistes et opérateurs économiques s’accordaient encore pour dire que le Cameroun « fait toujours peur » aux investisseurs. Alors que les discussions se poursuivent à différentes échelles, la Banque mondiale espère certainement voire d’ici peu la pleine concrétisation de l’engagement de l’État à redorer le blason du climat des affaires d’un pays qui a pourtant tout le potentiel requis, s’illustrant comme une exception de résilience dans la sous-région d’Afrique centrale face à la lourde chute des cours du pétrole.

La Rédaction (avec Ristel Tchounand)