La version sénégalaise du Financial Times décrypte #MoiPrésident

[Africa Diligence] Pour son 1er numéro, le magazine sénégalais « Business du Soleil », en partenariat avec Financial Times, a plongé dans la furie littéraire des derniers mois en Afrique Sa rédaction a passé en revue les 391p de « #MoiPrésident : 69 jeunes leaders africains dessinent les contours de l’Afrique émergente ». Une critique mordante.

Ils sont 69 jeunes artistes, avocats, politiques, universitaires, écrivains ou journalistes ressortissants de 26 pays africains. Tous ont « l’ambition et le pouvoir de changer le monde » en contribuant, de manière originale, à l’émergence de l’Afrique. Dans l’ouvrage que vient de leur consacrer Guy Gweth, « #MoiPrésident », ces jeunes, appelés à jouer un rôle important dans le futur du continent, expriment leur vision de l’Afrique émergente. Le pari de l’auteur, c’est que l’un ou l’autre parmi ces étoiles noires, pour parler comme Lilian Thuram, deviendra chef de l’État dans les prochaines années.

Parmi eux, six sénégalais (Djibril Diakhaté, enseignant à l’Ebad, Boubacar Diarisso, conseiller électoral à la Minusco, Ndèye Astou Ndiaye, enseignant chercheur à l’Ucad, Aboubacar Sadikh Ndiaye, cyber activiste, Lansana Gagny Sakho, directeur général de l’Office des forages ruraux et Cecile Thiakane de Dreamquark).

Dans cet ouvrage qui se présente comme une compilation d’interviews, Guy Gweth pose trois questions à chacun des 69 jeunes leaders sélectionnés leur demandant s’ils croient en l’émergence de l’Afrique, sur quels leviers on pourrait agir pour aider à contribuer au développement rapide du continent et ce qu’ils feraient s’ils devenaient chefs d’États dans les 24 heures.

Leurs réponses, au fil des 391 pages, ont en commun une certaine foi dans une Afrique émergente, la nécessité de faciliter la vie aux entreprises et d’améliorer l’intégration de la diaspora au tissu économique ou encore la nécessité d’amorcer une « révolution » de l’éducation, etc. bref, pour ces jeunes leaders, pour avoir du sens, l’émergence de l’Afrique devra être fondamentalement africaine, c’est-à-dire centrée sur ses besoins, avec un discours africain.

Au-delà de ces profils que l’auteur nous fait découvrir, des hommes et des femmes qui, d’une certaine manière, peuvent incarner l’Afrique de demain, ce livre est aussi un regard de l’Afrique sur elle-même à travers ses fils et filles. Là réside sans doute le mérite de Guy Gweth, si l’on sait que le discours sur l’émergence a été jusque-là imposé de l’extérieur par les maîtres du penser prêt-à-porter.

Cependant, on peut, légitimement, s’interroger sur les critères qui ont prévalus aux choix de l’auteur. Pourquoi eux et pas d’autres ? Pourquoi 69 et non 50 ou 100 ? Sans remettre en cause le mérite de ceux et celles qui figurent sur cette liste, force est de constater que celle-ci omet (volontairement) des figures nettement plus influentes sur le plan politique, économique, scientifique ou citoyen, alors qu’on y retrouve…des stagiaires ou des étudiants. « Il n’était pas question pour nous de présenter tous les meilleurs profils des jeunes leaders africains. Cela n’est d’ailleurs pas possible. Ils sont innombrables. Mais, l’idée était de montrer aux yeux du monde qu’il existe des êtres, jeunes africains exceptionnels dont la seule ambition est de contribuer au décollage socio-économique et culturel de l’Afrique. Sur une présélection de 100 jeunes leaders, seuls 69 ont été retenus sur la base non seulement de leur profil mais surtout le poids des arguments avancés », explique l’auteur.

Seydou KA